Impunité (2010) Juan José Lozano, Hollman Morris

Impunité

Pays de productionSuisse ; France ; Colombie
Sortie en France25 avril 2012
Durée85 mn
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Générique technique

RéalisateurJuan José Lozano
RéalisateurHollman Morris
ScénaristeJuan José Lozano
Auteur de l'oeuvre originaleHollman Morrisd'après une idée originale
Société de production Intermezzo Films (Genève)
Société de production Dolce Vita Films (Paris)
Coproduction RTS - Radio Télévision Suisse (Genève ; Lausanne)
Coproduction Arte
Coproduction Morris Producciones (Bogotá)
Producteur déléguéIsabelle Gattiker
Producteur déléguéMarc Irmer
Directeur de productionIsabelle Gattiker
Directeur de productionNathalie Musso
Distributeur d'origine Nour Films (Paris)
Directeur de la photographieSergio Mejia
Directeur de la photographieHeidi Hassan
Directeur de la photographieDiego Barajas
Directeur de la photographieAlex Restrepo
Ingénieur du sonCarlos Ibanez
MixeurMikaël Barre
Compositeur de la musique originaleGabriel Scotti
Compositeur de la musique originaleVincent Hänni
MonteurAna Acosta

générique artistique

Jean Leclerc(la voix du narrateur)

Bibliographie

Synopsis

Happé des années durant par le feuilleton Betancourt (Ingrid), le spectateur français, pour peu qu’il s’intéresse à ce qui se passe hors de ses frontières, ne connaît souvent de la Colombie que ce que les télés veulent bien lui raconter : un pouvoir autoritaire, incarné par son président Alvaro Uribe, qui lutte contre une armée révolutionnaire (les FARC) à l’intérieur d’un pays plus connu pour ses cartels de la drogue que pour ses sites touristiques. La vision du spectateur français n’est pas fausse, mais elle est partielle. Et c’est là qu’intervient le documentaire de Juan Lozano et Hollman Morris, Impunité, qui tente de raconter comment des groupes paramilitaires, les AUC (pour Autodefensas Unidas de Colombia), ont prétexté une lutte sans merci contre les guérilleros pour se livrer, pendant les années 1990, à des exactions de masse (viols, tortures, meurtres) sur la population colombienne, sous le regard bienveillant d’une partie du pouvoir en place. Impunité commence par le témoignage bouleversant d’une jeune femme qui raconte comment son frère a été enlevé puis assassiné par la milice paramilitaire. S’ensuit une description minutieuse du processus "Justice et Paix" mis en place par le pouvoir, et par lequel le pays tente de se réconcilier avec lui-même en auditionnant certains présumés responsables de massacres et en les sommant de répondre aux questions souvent désespérées des familles des victimes. On pense bien sûr à la Commission de Vérité et de Réconciliation, chargée, en Afrique du Sud, de solder les comptes de l’Apartheid pour permettre au pays de se reconstruire. Mais les auteurs nous suggèrent ici que la réalité est tout autre. Malgré l’ambition affichée de mettre à jour une période très noire et très récente de l’histoire de la Colombie, "Justice et Paix" se laisse en permanence entraver par les calculs politiques de tous ceux qui ne veulent pas voir éclater la vérité, afin que ne soit pas révélée la collusion entre les AUC, un grand nombre de parlementaires et les trafiquants de drogue. On assiste alors à des simulacres de procès où personne n’ose rien dire par peur de représailles. Si le film de Lozano et Morris est particulièrement édifiant, il souffre malheureusement d’une pauvreté formelle qui finit par être un peu gênante. On peut comprendre leur volonté pédagogique et le refus de se soumettre au moindre pathos pour garder une froideur qui sied bien au sujet. Reste néanmoins que certaines scènes, à force d’austérité, finissent par ennuyer, alors que le sujet en lui-même est passionnant. On souhaiterait également que l’enquête soit parfois un peu plus poussée, quand les réalisateurs se limitent à un film-témoignage. Ces défauts ne doivent cependant pas occulter les qualités d’un film qui offre de temps en temps des scènes proprement hallucinantes, comme celle dans laquelle un officier est obligé de retourner le couvercle d’une urne funéraire remise aux parents d’une victime, parce que la boîte ne rentre pas dans l’espace prévu à cet effet. Une scène aussi cocasse que terrifiante, qui semble à elle seule résumer la situation d’un pays encore en proie à ses pires démons.
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