Synopsis
"Deux réalisateurs de la télévision espagnole ont réalisé le portrait de Norman Foster, l’un des plus grands architectes "high-tech" du notre époque. S’il est peu connu en France, c’est parce qu’il y a peu travaillé. On reconnaîtra cependant le Carré d’art de Nîmes, juste aperçu dans ce documentaire, et surtout le viaduc de Millau, qui fait l’objet d’une longue et belle séquence de travellings tournés dans les airs, avec moult jeux géométriques au milieu des nuages. En effet, le film part de l’attirance de l’architecte pour les nouvelles technologies mais aussi pour l’aérodynamisme des volumes en général et des avions en particulier. Il a d’ailleurs construit le Musée de l’Air à Duxford et des aéroports comme ceux de Stansted, Hong Kong et Pékin. On voit l’homme dessiner sans cesse, car c’est sa façon de penser, de créer ses bâtiments. Le reportage s’appuie sur un dispositif qui n’a rien d’original : il se contente de montrer Foster dans sa vie (surtout professionnelle, avec de nombreux voyages d’affaires, mais aussi pendant ses loisirs, comme le ski et le vélo, excellents antidotes à une rechute d’infarctus ou de cancer), de capter les réalisations architecturales et d’interroger des artistes, comme Richard Serra ou Richard Long, et surtout ses collaborateurs, afin de reconstituer le parcours du Maître. Le portrait se compose alors comme un puzzle sans surprise, et si le résultat obtenu est intéressant, cela tient essentiellement à la qualité du sujet. Il est vrai que les bâtiments sont fort photogéniques. C’est le critique d’art Deyan Sudjic qui mène l’enquête. Il reconstitue les premiers croquis dessinés à Manchester, en demandant à Foster de retourner dans sa ville natale. Très jeune, ébloui par Le Corbusier et Wright, découverts en feuilletant des livres de la bibliothèque municipale, Foster a voulu devenir architecte, tout en travaillant. Boursier à Yale en même temps que Richard Rodgers, il découvre l’urbanisme à l’américaine. De retour à Londres, c’est la création du "Team 4" : Foster, Rodgers et leurs épouses, Wendy et Sue, travaillent ensemble de 1963 à 1967, à la manière d’un pop group. Puis Norman Foster et Wendy Cheesman fondent Foster Associates, aujourd’hui Foster + Partners, Wendy ayant succombé à un cancer en 1989. Années maigres, collaboration avec le visionnaire Buckminster Fuller (c’est lui qui pose à Forster la question qui donne au film son titre original : How Much Does Your Building Weight, Mr. Foster ?), spécialisation dans l’architecture industrielle et premier chantier expérimental pour le Centre Sainsbury à Norwich. Les commandes (banques, musées, gares, bureaux, tours, ponts...) se multiplient dans le monde entier, surtout en Asie. On prend le temps de visiter le siège de la HSBC à Hong Kong ou le nouveau Reichstag à Berlin. Le film évoque un moment
les maladies, et le moral d’acier de Norman. Enfin, on voit le vétéran, devenu baron Foster, passer le relais aux jeunes "partners" et imaginer avec eux l’"écoville" de l’après-pétrole à... Abu Dhabi ! L’urbanisme du futur pourra-t-il se dissoudre dans cette architecture qui s’est épanouie pendant les trois décennies de l’ultralibéralisme ? "
© LES FICHES DU CINEMA 2012
