Le Serment de Tobrouk (2011) Bernard-Henri Levy, Marc Roussel

Pays de productionFrance
Sortie en France06 juin 2012
Procédé image35 mm - Couleur
Durée106 mn
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Générique technique

RéalisateurBernard-Henri Levy
RéalisateurMarc Roussel
ScénaristeGilles Hertzog
Société de production Margo Films (Paris)
Société de production Studio 37 (Paris)
Société de production Arte France Cinéma
ProducteurFrançois Margolin
CoproducteurFrédérique Dumas
CoproducteurMichel Reilhac
CoproducteurRémi Burah
Producteur déléguéFrançois Margolin
Directeur de productionValérie Champetier
Distributeur d'origine Studio 37 (Paris)
Distributeur d'origine Rezo Films (Paris)
Directeur de la photographieMarc Roussel
Ingénieur du sonCamille Lotteau
Ingénieur du sonLaurent Jais
Ingénieur du sonAntoine Bailly
MonteurVojtech Janyska

générique artistique

Bernard-Henri Levy(dans son prôpre role)

Bibliographie

Synopsis

Le Serment de Tobrouk est le nouveau documentaire (après Bosna !, en 1994) de Bernard-Henri Lévy. À ce titre, il provoque une grande méfiance, mais il est important de ne pas se laisser aller d’emblée à porter sur lui un regard ironique et un peu condescendant. De quoi s’agit-il ? Du making of d’une guerre (pour reprendre les mots de l’écrivain et journaliste Jean Hatzfeld), celle de Lybie, dont BHL fut effectivement à la fois un témoin et un acteur majeur, à travers son rôle de médiateur entre les insurgés et le gouvernement français. Le philosophe-cinéaste, dont on a beaucoup moqué le narcissisme, assume cette donnée en présentant le film comme une oeuvre à la première personne, une manière de ne montrer un événement historique qu’à travers son seul point de vue. Il évite ainsi la dimension, au bout du compte plus arrogante, de "révélateur de vérité" objective qui est l’approche de bien d’autres documentaires. En cela, la démarche de l’artiste n’est pas si ridicule que ça, et non dénuée de l’intelligence dont on oublie parfois un peu vite qu’elle est aussi la marque de BHL. Notre homme est donc au centre de l’image, et le "récit" suit ses démarches visant à faire entrer l’État français dans le conflit, au nom de ce fameux droit d’ingérence qui demeure une des constantes du discours de BHL. La manière dont ce droit a ici triomphé constitue le fil rouge du film, sa colonne vertébrale. L’écrivain rencontre, parlemente et, héroïquement, réussit à mettre en place une coalition, en convainquant Nicolas Sarkozy et David Cameron de la nécessité d’agir. La geste autoglorificatrice du film, renforcée par une voix off peu légère et annoncée par une affiche rappelant davantage Les Sept mercenaires que Nuit et brouillard, nourrit bien entendu fortement les accusations d’égocentrisme mégalo que l’on peut adresser au philosophe. Mais en fait, il est possible que l’échec cinématographique du film tienne finalement au fait que BHL n’aille pas encore assez loin dans la revendication de son narcissisme. En effet, les auteurs se mettant eux-mêmes en scène avec un brin d’autofascination sont légion, de Charlie Chaplin à Nanni Moretti en passant par Clint Eastwood. Mais ce qui les sauve est précisément un narcissisme si poussé qu’il en devient le sujet même de l’oeuvre, de sa mise en scène, ce qui aboutit à une cruauté du regard pouvant potentiellement devenir grandiose. BHL, lui, mêle sa propre personne à la description d’un conflit et échoue sur les deux tableaux : pas assez précis et pédagogique par rapport à la situation libyenne, pas assez égocentrique pour oser faire de lui-même et de sa mégalomanie la substance même du film. L’écrivain BHL n’a en fait, derrière son arrogance et sa confiance en lui, pas encore intégré pleinement sa transformation en personnage de fiction, avec les contradictions et les possibilités que cela pourrait générer. Et, du coup, Le Serment de Tobrouk est à nouveau un échec, ne donnant à voir que la transformation d’un homme assurément intelligent en triste caricature de lui-même. Il y a, au bout du compte, quelque chose d’un peu tragique dans tout cela...
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