Sibérie (2011) Joana Preiss

Pays de productionFrance
Sortie en France27 juin 2012
Procédé image35 mm - Couleur
Durée82 mn
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Générique technique

RéalisateurJoana Preiss
Société de production Elégie Films
Société de production L'Âge d'Or (Marseille)
Distributeur d'origine Capricci
Directeur de la photographieBruno Dumont
MixeurThomas Fourel
MonteurClémence Diard
MonteurJoana Preiss

générique artistique

Bruno Dumont(dans son propre rôle)
Joana Preiss(dans son propre rôle)

Bibliographie

Synopsis

Joana Preiss, actrice, et Bruno Dumont, réalisateur, voyagent en train jusqu’à Vladivostok. Ils se présentent comme un couple "expérimental" et se filment l’un l’autre durant le trajet, chacun équipé d’une caméra mini DV. À bord du train, peu de loisirs : déjeuner au wagon restaurant, fumer une cigarette à la fenêtre, boire de la vodka en cabine... Ces activités sont montrées en détail, à plusieurs reprises. Quelques arrêts sont l’occasion de visites rapides dans la Russie profonde : passage à l’épicerie, taxi, boîtes de nuit, retour à l’hôtel, le programme est toujours le même, sauf lorsque Joana Preiss se risque à échanger trois mots avec des autochtones dans la rue (ils ne parlent pas français, elle ne parle pas russe, l’échange est très limité). Enfin, les moments d’ennui dans le train sont meublés par des échanges sur l’amour, le désir, et plus si affinités. Selon la comédienne, qui signe la réalisation et le montage du film, il s’agit d’une autofiction : les situations sont censées être jouées, et le montage accentue délibérément la part de récit qui se trouve au coeur du film. Mais la minceur de l’argument narratif, ainsi que le côté extrêmement répétitif des situations et des dialogues, annihilent toute possibilité de trouble fictionnel, comme il pouvait y en avoir dans Pater d’Alain Cavalier. Plus proche d’Irène, du même Cavalier, Sibérie paraît être davantage dans le registre "confession intime". Dès lors, la question que se pose inévitablement le spectateur devant un objet filmique si particulier, est la suivante : les aléas amoureux et touristiques d’un cinéaste reconnu et d’une actrice sont-ils plus passionnants que ceux de la moyenne des gens ? Sans surprise, Sibérie répond à cette question de façon claire et précise, par la négative. Le dispositif était l’idéal vecteur de prises de positions provocatrices sur le rapport entre le couple réel et le couple "de cinéma", ou au moins de quelques révélations fracassantes, qu’elles soient vraies ou fausses : on n’aura droit qu’à une pointe d’impudeur, au dévoilement d’un machisme ordinaire et à des questions basiques ("sommes-nous vraiment faits l’un pour l’autre ?"). Le "personnage" Bruno Dumont ne révèle que peu de choses sur sa pratique cinématographique. Il aurait même plutôt tendance à confirmer les soupçons, notamment au sujet de sa suffisance. À tel point que Joana Preiss laissera échapper, devant la lourdeur de ses assauts répétés, un cruel : "Pour moi, tu étais quelqu’un qui fait des films qui veulent dire des choses ; mais en fait, t’es vraiment con". Il est triste de constater qu’il s’agit là du dialogue le plus marquant du film. Enfin, la mise en abyme attendue ne passe pas non plus par une quelconque recherche esthétique, si ce n’est la différence de qualité d’image entre les deux caméras utilisées, notamment dans les champs-contrechamps : mais là encore, la laideur brute de la DV ne peut se comparer au minimalisme travaillé des essais de Cavalier. Le seul avantage de ces images est de garder dans le flou le plus longtemps possible les déambulations alcoolisées de Joana Preiss, dont on saluera malgré tout le courage pour avoir gardé au montage les images hideuses tournées par son compagnon.
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