Tagnawittude (2010) Rahma Benhamou El-Madani

Pays de productionFrance
Sortie en France06 juin 2012
Procédé image35 mm - Couleur
Durée80 mn
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Générique technique

RéalisateurRahma Benhamou El-Madani
Société de production Plein Cadres Productions
Société de production All Cuts Studio
Société de production TNA -Télévision Numérique Alternative
Distributeur d'origine Plein Cadres Productions
Directeur de la photographieMohamed Kounda
Directeur de la photographieRahma Benhamou El-Madani
Ingénieur du sonRahma Benhamou El-Madani
Ingénieur du sonOlivier Fougier
MonteurYannis Polinacci

générique artistique

Bibliographie

Synopsis

Enfant, au Maroc, la réalisatrice observait sa mère entrer en transe au son de la musique Gnawa. À cette époque, la petite fille, fascinée par cette agitation rythmée, cette danse de l’épuisement, ne parvenait pas à en percer le mystère. Ces souvenirs d’enfance lui revinrent en mémoire lorsqu’elle entendit, dans une radio locale, la musique du groupe Gnawa Diffusion. Ce collectif de musiciens a synthétisé la musique Gnawa avec des sonorités occidentales. Les Gnawas, nomades du Maghreb, ont recueilli une musique qui vient de l’Afrique subsaharienne, avec ses instruments spécifiques, et une large place laissée aux percussions et à la répétition hypnotique de phrases simples. La culture Gnawa est, en quelque sorte, une réminiscence de l’Afrique noire dans la tradition maghrébine. Les interventions des musiciens permettent à la réalisatrice de mieux comprendre les enjeux spirituels liés à l’interprétation de cette musique. Lors de festivals qui lui sont consacrés au Maroc, elle rencontre ses praticiens les plus purs. Nous entrons alors dans la dimension ethnologique du film, assistant à des lila (veillées), longues cérémonies cathartiques durant lesquelles cette musique s’épanouit. Elle filme des personnes en état de transe, comme l’était sa mère, et comprend mieux le phénomène d’adorcisme. C’est la raison d’être de la musique Gnawa : l’appropriation par une personne de l’énergie vitale d’un esprit. Autrement dit, elle favorise l’émergence d’une possession positive. Le film suit un chemin intéressant, remontant peu à peu en amont d’une musique à l’histoire complexe. Plus il avance, plus il la défait de ses atours occidentaux pour tenter d’en extraire la spiritualité native. Nous transitons ainsi d’une musique occidentalisée, policée, proche du reggae, celle de Gnawa Diffusion, vers une forme beaucoup plus tribale et primitive. Ainsi, la réalisatrice peut identifier l’énergie mystique qui agitait sa mère dans ses moments de transe. La musique prend alors dans le film l’ascendant sur les mots. C’est une bonne idée que de laisser le temps à celle-ci de développer son charme, au sens magique du terme, dans la durée. C’est un choix d’autant plus judicieux que l’on se perd parfois dans les nombreux témoignages, évoquant les différentes scissions d’une culture dotée d’un vocabulaire spécifique plutôt abondant. Les séquences captant des personnes en état de transe, agitées de soubresauts rythmiques jusqu’à la perte de conscience, sont assez impressionnantes, quitte à nous placer nous-mêmes dans un état proche du somnambulisme. Le spectateur est libre d’adhérer ou pas, de se laisser envoûter à son tour ou non. Tagnawittude est donc un documentaire ethnologique construit à partir d’un souvenir d’enfance, et un prétexte à un retour aux origines culturelles de l’auteur. La dimension biographique du projet aurait sans doute mérité une place plus importante, une fonction autre que celle de simple fil narratif. Bref, si on a parfois le sentiment que l’objectif initial (pourquoi ma mère agissait ainsi) s’est perdu en cours de route, le voyage en lui-même reste assez agréable.
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