Kurdish lover (2010) Clarisse Hahn

Pays de productionFrance
Sortie en France12 septembre 2012
Durée98 mn
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Générique technique

RéalisateurClarisse Hahn
Assistant réalisateurOktay Sengul
ScénaristeClarisse Hahn
Société de production Les Films du Présent
Coproduction 24 Images
Coproduction Avanton Productions
ProducteurPatrice Nezan
CoproducteurFarid Rezkallah
CoproducteurSonja Linden
Distributeur d'origine Nour Films (Paris)
Directeur de la photographieClarisse Hahn
Ingénieur du sonClarisse Hahn
MixeurJanne Laine
MonteurCatherine Rascon

générique artistique

Bibliographie

Synopsis

Seule avec sa caméra, Clarisse Hahn nous fait partager le quotidien de la famille de son compagnon, au coeur d’un pays "qui n’existe pas" : le Kurdistan. Après un sommaire rappel des faits, précisant que les Kurdes vivent sur un territoire divisé entre la Turquie, l’Iran, l’Irak et la Syrie, le film nous plonge dans le vif du sujet. Une vieille femme s’adresse à son petit-fils, lui demande si sa femme, qui est en train de filmer, est riche, et si elle va lui donner de l’argent. Et toute la famille de se moquer de son obsession pécuniaire. On n’aura donc pas droit au cliché de la grand-mère traditionnelle, pleine de tempérance et de sagesse. C’est bien là la première qualité du film : le refus de l’exotisme et de la complaisance. La réalisatrice nous livre, sans voix off, des scènes de vie dans leur durée, sans fioriture. Paradoxalement, un de ses atouts est qu’elle ne parle pas le kurde, ce qui fait que les personnes qu’elle filme parlent entre elles sans retenue, y compris d’elle. Cela donne lieu à des échanges pour le moins étonnants (une vieille femme à une autre : "Elle nous baise avec sa caméra ! - Oui, c’est son godemiché !"). On assiste au dépeçage d’un mouton et au don de morceaux de viande aux villageois proches de la famille, puis à la conversation en visioconférence via Internet entre un jeune homme entouré de toute sa famille et sa petite amie qu’il a insultée la veille après avoir trop bu. La concomitance saisissante de gestes ancestraux et de pratiques éminemment modernes dans ce village du Kurdistan turc amène à s’interroger sur le vécu intérieur de ces jeunes Kurdes de la diaspora. Beaucoup d’entre eux reviennent en vacances au pays, notamment, pour les hommes, afin d’y trouver une femme à épouser. On perçoit, en particulier dans les propos de ce jeune homme qui ne parvient pas à expliquer pourquoi il n’envisage pas de se marier avec une Européenne, la difficulté de se départir d’un machisme traditionnel. Le film ne verse jamais dans la caricature, s’attachant à rendre palpables les tensions entre valeurs immuables et évolutions des mentalités. Un autre intérêt du film réside dans sa dimension parfois proprement surréaliste, comme, par exemple, dans cette scène où le "Guide", figure d’autorité religieuse semble-t-il, est en plein délire, tenant des propos hallucinés, dont on ne saurait dire s’ils relèvent de la transe ou de la psychose. La spiritualité est, de fait, omniprésente dans la vie de ces villageois, et on aurait peut-être aimé en savoir plus sur ces pierres sacrées qu’ils embrassent, sur ces rituels, ces prières, ces divinités qu’ils invoquent sans cesse. Mais Clarisse Hahn fait le choix de mettre l’accent sur les relations familiales, qui semblent de moins en moins harmonieuses à mesure que le film avance. Les insultes pleuvent lors des disputes, la question de l’argent revient régulièrement sur le tapis, et parents et enfants ne se font pas de cadeaux. Ce n’est finalement pas un regard ethnologique qui nous est proposé, mais la chronique distanciée d’une famille d’aujourd’hui.
© LES FICHES DU CINEMA 2012
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