Sombras (2009) Oriol Canals

Sombras - Les Ombres

Pays de productionEspagne ; Belgique ; France
Sortie en France26 septembre 2012
Procédé image35 mm - Couleur
Durée94 mn
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Générique technique

RéalisateurOriol Canals
ScénaristeOriol Canals
Société de production Corto Pacific (Paris)
Société de production Turkana Films
Société de production Paradise Films (Bruxelles)
Producteur déléguéPhilippe Bouychou
Producteur exécutifAlfonso Par
Distributeur d'origine Galactica Distribution (Paris)
Directeur de la photographieJean-Jacques Mréjen
Directeur de la photographieFlorian Bouchet
Directeur de la photographieOriol Canals
Ingénieur du sonMarc Chalosse
MixeurÉric Lesachet
Compositeur de la musique originaleMarc Chalosse
MonteurVirginie Véricourt

générique artistique

Camara(dans son propre rôle)
Kwabaan(dans son propre rôle)
Kwasi(dans son propre rôle)
Fousseyni(dans son propre rôle)

Bibliographie

Synopsis

"Donner à voir l’invisible, faire surgir le refoulé : l’une des missions possibles du cinéma, et que s’assigne Sombras, le premier film d’Oriol Canals. Plusieurs années durant, le cinéaste est allé à la rencontre de migrants africains qui, rêvant d’une vie meilleure, ont gagné, au péril de leur vie, les côtes espagnoles. Une gageure, tant leur clandestinité semble a priori les contraindre au silence. Habile tour de passe-passe : en leur proposant de s’adresser à leurs proches - sous la forme de lettres vidéo, qui constituent le coeur du film -, Canals, paradoxalement, fait de nous les destinataires privilégiés de leur parole. À la vision romantique de l’apatride, parcourant les places fortes d’une Europe en ébullition, et pour laquelle optait Gatlif dans le récent Indignados [v.p. 340], succèdent ici des figures à la fois plus réalistes (l’auteur veille à replacer chacun dans le contexte de son expérience propre) et puissamment cinématographiques - les "ombres" désignées par le titre, figures presque spectrales, se tenant à la périphérie de la société, silhouettes dans la nuit d’Alcarras (la ville où l’auteur a tourné l’essentiel de son film) auxquelles Canals adjoint, par la force des témoignages, tout un peuple de cadavres sans noms : clandestins morts en mer - de noyade, de faim ou d’épuisement -, perdus dans le désert - et enterrés sur place -, abattus de sang-froid en Lybie... Au spectateur de tirer les conclusions politiques qui s’imposent, l’auteur se gardant de verser dans le discours. La mise en réseau de l’information - comme en auront témoigné les révolutions arabes - et la libre circulation des capitaux sont effectives. Pour ce qui est des personnes, en revanche, tout reste à faire. Illustration des signaux contradictoires qu’envoie l’Occident (d’un côté, ses promesses de réussite, de l’autre, les injonctions de la Forteresse Europe, la "défense" de ses frontières et la traque incessante des clandestins), où s’affrontent deux logiques absurdes : l’obstination des migrants à gagner l’Europe (quand bien même celle-ci n’aurait rien à leur offrir, tous témoignant ici de leur désillusion) et celle de l’Europe à les refouler (quand bien même la démarche, en plus d’être immorale, serait vouée à l’échec). Moins le récit, en somme, d’un trajet vers un pays (l’Espagne) que vers des idées (l’Occident, l’Europe). Signe des temps, le cinéma, de Terraferma [v.p. 616] d’Emmanuele Crialese à La Pirogue [v.p. 510] de Moussa Touré, se penche sur la figure du clandestin. Des oeuvres qui, par endroits, se répondent. Ici, un clandestin téléphone à sa femme, restée en Afrique. "Je t’appelle du deuxième étage", lui dit-il fièrement, rappelant l’ambition d’un personnage de La Pirogue, souhaitant partir en Europe pour habiter "une maison à étages"... Ne serait son procédé formel - minimal, mais tenu de bout en bout -, le film aurait pour lui sa contemporanéité, la pertinence du souci qui l’anime. Et, en fin de compte, sa mélancolie sourde, régulièrement poignante. Accoudé au comptoir d’un café, un clandestin évoque une chanson. "C’est une chanson de morts ou de vivants ", lui demande un ami. En sortant de la salle, on n’est pas très sûr de connaître la réponse. "
© LES FICHES DU CINEMA 2012
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