Les Fils du vent (2011) Bruno Le Jean

Pays de productionFrance
Sortie en France10 octobre 2012
Procédé image35 mm - Couleur
Durée96 mn
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Générique technique

RéalisateurBruno Le Jean
Société de production Les Films du Veyrier (Paris)
Coproduction Pépino Productions
Coproduction Supersonic Productions (Paris)
ProducteurPascal Metge
ProducteurBruno Berthémy
Producteur associéMichel Muller
Producteur associéJean Holtzmann
Directeur de productionRauridh Laing
Distributeur d'origine Zelig Films Distribution (Paris)
Directeur de la photographieBruno Romiguière
Ingénieur du sonDidier Codoul
MixeurJean Holtzmann
MonteurAnge-Marie Revel

générique artistique

Angelo Debarre(dans son propre rôle)
Moreno(dans son propre rôle)
Ninine Garcia(dans son propre rôle)
Tchavolo Schmitt(dans son propre rôle)
Kroterz(l'homme à la moto)

Bibliographie

Synopsis

L’enfer, dit-on, est pavé de bonnes intentions. Si Les Fils du vent n’a rien d’un film infernal, on est vite amené à se poser la question de l’intérêt d’un tel documentaire, quand bien même le réalisateur se montre sensible à la destinée de ses protagonistes et concerné par "la cause" des Roms. Le film a pour lui, il est vrai, des personnages charismatiques auxquels il est difficile de ne pas s’attacher : le gouailleur Moreno, le sensible Ninine, le pragmatique Angelo et le discret - mais non moins célèbre - Tchavolo (vu et entendu chez Tony Gatlif). Tous vivent pour la musique, qui scelle leur amitié, et l’on se doute que l’idée de départ était de consacrer ce documentaire au jazz "manouche". Seulement, même si cette musique parcourt tout le film, la question n’est que survolée. On aurait pourtant aimé que le réalisateur se concentre vraiment sur ce qui fait l’âme de la musique rom, qu’il revienne sur ses origines et son évolution vers le jazz. Bien qu’il se soit confronté au cinéma documentaire à des postes divers, Bruno Le Jean vient avant tout de la télévision et de productions (Groland) qui pouvaient, par ailleurs, laisser espérer un point de vue original, voire corrosif, sur le sujet. Cela aurait donné au film une véritable personnalité, dans un style qu’il maîtrise. Il y avait, également, d’autres chemins à suivre, des idées à emprunter ailleurs pour donner un peu plus d’ampleur à son sujet. Voir du côté de Martin Scorsese, ou même du travail sur la musique Klezmer (héritée de la tradition gitane) fait par le dessinateur Joann Sfar. Il y avait, donc, beaucoup à dire sur l’histoire de la musique gitane et la prédominance de la culture orale chez les Roms. Une richesse qui reste, pour beaucoup d’entre nous, inconnue. Ce n’est pas cette voie que le cinéaste a voulu privilégier. Le réalisateur se perd en route et se laisse prendre au piège de sa fascination pour le groupe qu’il suit, ne portant pas la contradiction et ne cherchant à aucun moment à pousser la parole de ses personnages vers ce qui lie le jazz manouche à la langue et aux fondations orales de la culture gitane. Ce qui ressort du film est, finalement, une nouvelle fois l’image d’Épinal qui poursuit le monde des gitans comme une malédiction : le gitan à la guitare, beau parleur, vêtu d’un costume clinquant, se disant cousin de Django et profitant de sa vie de bohème tout en craignant le gendarme. Rendre justice à cette culture est pourtant d’une importance primordiale à l’heure où cette communauté, en France comme dans toute l’Europe, subit des mesures discriminatoires, parfois à la limite de l’Apartheid, tout en étant victime du racisme ordinaire des populations sédentaires. Il ne faut pas oublier qu’il n’y a pas si longtemps un régime a tenté de les exterminer ; et qu’en période de crise, les minorités servent toujours de boucs émissaires. On ne peut qu’applaudir le réalisateur dans sa volonté de ne pas laisser à Gatlif le rôle de seul gardien de la mémoire rom. Malheureusement, le manque de distance critique de Le Jean le paralyse, et l’on est presque choqué, étant donnée la valeur des personnes filmées, par l’absence de profondeur du film.
© LES FICHES DU CINEMA 2012
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