Synopsis
Il aime le skateboard, le monocycle et... la danse classique. Comme des milliers de jeunes de 9 à 19 ans, Aran, 11 ans, rêve de remporter le Youth America Grand Prix (le YAGP), bien mal nommé puisqu’il s’agit d’un concours international, qui permet d’obtenir des bourses pour des écoles prestigieuses. Bess Kargman suit avec la rigueur d’une journaliste les pas de plusieurs jeunes, chez eux, lors des entraînements et sur scène, avec un but : briser les clichés. Un pari largement tenu. Jusqu’ici, la plupart des films de danse se résumaient à des intrigues amoureuses sur fond de tango ou de hip hop, dans lesquelles les héroïnes se faisaient, au bout du compte et sans surprise, remarquer lors de chorégraphies spectaculaires et entraînantes. Ici, au contraire, le suspense est bien réel. Car, si on ne doute jamais du talent des jeunes protagonistes, la compétition est rude et ce n’est qu’au prix d’une volonté sans faille que les élèves peuvent espérer faire leurs preuves, lors des deux minutes que durera leur intervention. De même, si la danse classique garde l’image d’un sport réservé à des petites filles riches, la réalisatrice choisit volontairement des profils divers, parmi lesquels celui de Joan Sebastian, un Colombien de 17 ans, passionné de danse, qui étudie à New York avec l’espoir, un jour, de vivre et faire vivre sa famille, grâce à son métier de danseur. Autre profil atypique : celui de Michaela, originaire de la Sierra Leone, qui a découvert la danse dans un magazine, à l’orphelinat. Adoptée par des Américains, elle espère prouver que les Noires, qu’on estime "trop musclées" pour la danse classique, peuvent aussi être gracieuses. Depuis, elle travaille littéralement d’arrache-pied, et c’est avec une tendinite sévère qu’elle se présente à New York. Car le documentaire n’omet pas les souffrances physiques auxquelles sont confrontés les enfants : les orteils en bouillie, les pieds endoloris après des étirements qu’ils doivent continuer même quand la douleur devient insupportable. Les moins volontaires, comme Jules, 10 ans, abandonnent. Les autres poursuivent leur rêve, soutenus par leurs familles, souvent contraintes à de gros sacrifices : financiers (les paires de chaussons à 80 $ ne durent parfois qu’une journée...), professionnels (le père d’Aran, militaire, a accepté une mission de six mois au Koweït dans le seul but de permettre à son fils de continuer à suivre ses cours), personnels (de nombreuses mamans scolarisent les jeunes prodiges à domicile, et passent leurs journées à les conduire à leurs entraînements). Le Concours de danse aborde donc tous ces aspects de la carrière des petits danseurs, avec beaucoup d’humanité. La caméra va chercher les émotions dans la danse et le gros plan, dans les couloirs d’un vestiaire et les regards, émerveillés ou paniqués, un geste de trac ou un sourire après une performance réussie. Le spectateur, immergé dans le monde de la danse, tremble et espère avec les danseurs. Les émotions sont ici autrement plus réelles que celles d’un scénario de fiction.
© LES FICHES DU CINEMA 2012
