L'Impossible, pages arrachées (2011) Sylvain George

Pays de productionFrance
Sortie en France05 décembre 2012
Procédé image35 mm - Couleur
Durée104 mn
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Générique technique

RéalisateurSylvain George
Société de production Noir Production (Paris)
Distributeur d'origine Noir Production (Paris)
Directeur de la photographieSylvain George
Ingénieur du sonSylvain George
MonteurSylvain George

générique artistique

Lionel Soukaz(la voix du narrateur)

Bibliographie

Synopsis

Il y avait une chanson de Ferré qui se terminait comme ça : "À l’école de la poésie, on n’apprend pas : on se bat." Que Sylvain George soit de cette école-là, ça ne fait pas grand doute. La poésie, tous ses films s’y réfèrent. Le titre de Qu’ils reposent en révolte (2011) était emprunté à Michaux, le sous-titre des Éclats [v.p. 242] l’est à Césaire et les intertitres de L’Impossible à Rimbaud. Quant à la lutte, elle est au coeur de chacun de ces films, comme sujet et comme moteur. Qu’ils reposent... et Les Éclats étaient exclusivement focalisés sur le cas des migrants de Calais, et opéraient leur transformation, de données statistiques en humains au plein sens du terme : beaux et profonds, nobles et indignés, dignes et perméables à toute forme de pitié condescendante. On les retrouve dans la première partie de L’Impossible. Longue, muette, faite d’images imprécises tournées en Super 8, cette partie est à peu près ce que l’on peut imaginer de plus âpre, de plus décourageant pour un spectateur pressé. Mais elle est une mise en condition, la phase 1 d’une expérience. Bientôt le silence va être troué par le débit, syncopé comme une rafale, des paroles révoltées de l’un des migrants. Bientôt la banalité et le calme de surface des images vont être percutés par l’intervention d’un carton décrivant les conditions de la mort de cet homme. Et puis bientôt, le film va partir ailleurs. Paris. On comprendra qu’on est en 2009, le 19 mars, au coeur d’une manifestation citoyenne. Plus tard, c’est le 1er mai, la même année. Cette fois les manifestants occupent l’Hôtel de Ville de Paris. Le dernier segment, enfin, évoque les trahisons et compromissions de la Gauche dans les années 1980. La logique selon laquelle sont montés ces différents fragments n’est donc pas celle de la chronologie. Car Sylvain George s’emploie à casser la linéarité habituelle des raisonnements et des récits. Comme il s’attache à casser la routine du style documentaire, à développer une langue autre - plus poétique, plus musicale - pour nous conduire à penser et ressentir les problèmes de façon autre. Face à une rangée de CRS, on voit que le caméraman est aux avant-postes, dans une position à risque. Mais dans la restitution du moment où la charge est lancée, le montage coupe l’instant inévitable où l’homme a dû courir et sa caméra bouger. L’image reste droite, y compris au sens moral. C’est-à-dire qu’elle ne cherche pas à se faire authentifier comme "prise sur le vif" par un effet tremblé. Le style prime. Et, bien plus que l’urgence surjouée de la caméra embarquée, c’est la construction patiente de ce style qui nous conduit finalement au coeur des choses, où l’on partage des sons, des perspectives, des tensions inédits. L’Impossible est la restitution sensorielle d’une colère (générale). C’est un film avec une respiration : des sons et des silences, des lenteurs et des accélérations, des souffles courts et longs. Parfois le silence tombe comme une respiration coupée. Parfois, une décharge de musique - free jazz ou punk rock - fait une poussée, brusque et tendue, comme un mouvement de foule rapidement cadré. Et puis parfois la parole se libère. Depuis quand n’avait-on pas trouvé autant de cinéma dans le cinéma politique ? _N.M.
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