Les Eclats (ma gueule, ma révolte, mon nom) (2011) Sylvain George

Pays de productionFrance
Sortie en France05 décembre 2012
Procédé image35 mm - Couleur
Durée84 mn
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Générique technique

RéalisateurSylvain George
Société de production Noir Production (Paris)
Distributeur d'origine Noir Production (Paris)
Directeur de la photographieSylvain George
Ingénieur du sonSylvain George
Compositeur de la musique originale Diabolo
MonteurSylvain George

générique artistique

Valérie Dréville(le souffle, la voix et les éclats)

Bibliographie

Synopsis

Sans introduction préalable, si ce n’est la noirceur d’un écran de cinéma, une caméra Super 8 conditionne d’emblée le spectateur par une salve, en gros plans, d’images muettes en Noir & Blanc contrasté : gros plans stylisés sur un vieux chandail trempé, une chaussure abandonnée, une boîte de sardines vide, immergée dans une flaque, des branches dénudées. Un homme frigorifié assis sur un canapé défoncé subit le son du vent glacial de l’hiver ; divers détritus jonchent un terrain vague sinistre, d’où émerge pourtant une brassée d’anthémis aussi colorées qu’improbables. Filmées de loin, des silhouettes sombres encapuchonnées marchent le long du canal, longent la voie ferrée, errent à proximité des ferries illuminés et des grilles du port de Calais, guettant l’opportunité de fuir vers une vie meilleure. Sylvain George campe ainsi le décor pour Les Éclats, prix du meilleur film documentaire en compétition internationale au Festival de Turin. Cinéaste, metteur en scène et écrivain, il réalise depuis six ans des films poétiques, politiques et expérimentaux (prix FIPRESCI notamment) sur les thématiques de l’immigration ou des mouvements sociaux. Son travail "militant" dénonce des politiques migratoires mortifères inacceptables, pour "dessiller les yeux", comme l’écrivait Jean Vigo. Il procède par fragments, prenant soin de ne pas esthétiser la réalité qu’il capte : éclats de voix, éclats de rire ou de rage pris sur le vif d’hommes de nationalités et de couleurs différentes livrant leurs souffrances, omniprésence policière. En plans-séquences nocturnes, un homme noir se brûle le bout des doigts pour éviter l’expulsion dans son pays d’origine, relatant en outre son expérience tragique de boat people ; d’autres, en confiance devant la caméra, expriment leur peur viscérale, faisant le distinguo entre fuir et se cacher ; des Afghans serrés dans leur abri misérable s’insurgent contre la corruption de tous les politiciens de tout poil qui les acculent à devenir les naufragés du monde... morts à l’intérieur. Ma gueule, ma révolte, mon nom, vers tiré de Prophéties d’Aimé Césaire, illustre parfaitement la charge subversive, politique et poétique voulue par le réalisateur. Remarquablement construit, son film alterne les scènes de la vie quotidienne (toilette, bain dans le canal, file d’attente fébrile pour la soupe populaire, dévorée en plein vent, hommes jouant au foot ou au billard, prière musulmane, visite médicale) avec l’attente obsessionnelle, rythmée par les saisons, de silhouettes fantomatiques escaladant nuitamment les grilles du port, guettant les camions en partance pour une hypothétique tentative de fuite. Arrestations des plus malchanceux par des policiers prédateurs, impuissance des cortèges de mouvements associatifs et de la cour de (in)justice face à la violence institutionnelle, vestiges inanimés d’une présence humaine disparue, filmés dans un silence assourdissant qu’interrompt le hurlement d’un harmonica... Sans prosélytisme, le cinéma de Sylvain George réveille les consciences, reprenant à son compte la phrase du cinéaste américain John Gianvito : "une blessure infligée à l’un est une blessure infligée à tous.
© LES FICHES DU CINEMA 2012
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