Synopsis
S’intéressant depuis toujours à la période de l’Occupation, le documentariste Vincent Goubet, qui signe ici son premier long métrage, a décidé de l’observer cette fois du point de vue des combattants de l’ombre. Durant cinq ans, il a ainsi rencontré de nombreux anciens résistants, hommes ou femmes, et en a sélectionné trente-trois, à qui il a offert l’occasion de s’exprimer. De Raymond Aubrac à Stéphane Hessel, pour les plus connus, les témoins se succèdent et dressent ensemble un portrait de l’engagement à cette époque. De manière chronologique, chacun évoque sa volonté d’agir, de «faire quelque chose», face à une situation qui semblait injuste et inacceptable. Vincent Goubet a fait le choix de n’avoir que très peu recours à des documents officiels ou à des images d’archives. Seuls les témoins sont réellement mis à l’honneur, et c’est ainsi que le réalisateur parvient à offrir une oeuvre relativement exhaustive, bien qu’inévitablement subjective. Se répondant les uns les autres, les témoignages interpellent le spectateur, dans la mesure où ils écorchent à la fois le mythe d’une France tout entière révoltée et l’image d’une Résistance toujours légitime et juste. Beaucoup des intervenants reviennent ainsi sur la «trahison» de De Gaulle qui, de retour en France en 1944, forge la légende d’une France unanimement résistante tout en s’éloignant progressivement lui-même du CNR (Conseil National de la Résistance). Sans fard, les témoins évoquent le soutien de bon nombre de Français à Pétain et rappellent que leur première mission en tant que Résistants consistait souvent à convaincre l’opinion publique que Vichy n’était pas la bonne solution. Le documentaire rappelle également qu’il a fallu attendre 1995 et le discours de Jacques Chirac, lors de la commémoration de la rafle du Vel’d’Hiv, pour que l’État français reconnaisse officiellement sa responsabilité dans les atrocités commises sous Vichy : «Oui, la folie criminelle de l’occupant a été secondée par des Français, par l’État français». Autre apport essentiel de ces témoignages : leurs divergences sur la notion même de Résistance.Pour les uns, elle était un moyen de transmettre des informations et de rétablir la vérité. Pour les autres, elle correspondait au choix d’une action plus radicale, ce qui impliquait souvent de tuer. Et puis, vient le moment d’évoquer la Libération. Tandis que la majorité se perd dans des effusions de joie, les résistants pleurent leurs camarades perdus, sacrifiés sur l’autel de la liberté. Ainsi, parce qu’il pose des questions pertinentes et dévoile tout un aspect de la Résistance, Vincent Goubet offre un témoignage bouleversant et captivant. Il rend hommage à ces résistants, tout en refusant de nier des aspects plus sombres de leur histoire. Les héros de Faire quelque chose saisissent également cette occasion pour évoquer la question de l’engagement aujourd’hui, et semblent vouloir faire passer un message : si tous ont sacrifié leur jeunesse et risqué leur vie, ce fut au nom d’un combat qui aura donné tout son sens à leur existence.
© LES FICHES DU CINEMA 2013
