Công Binh, la longue nuit indochinoise (2010) Lê Lâm

Pays de productionFrance
Sortie en France30 janvier 2013
Procédé image35 mm - Couleur
Durée116 mn
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Générique technique

RéalisateurLê Lâm
Assistant réalisateurAgnès Fanget
ScénaristeLê Lâm
ScénaristePierre Daum
Société de production ADR Productions (Paris)
Producteur déléguéPascal Verroust
Producteur exécutifLê Lâm
Distributeur d'origine ADR Distribution (Paris)
Directeur de la photographieLê Lâm
Directeur de la photographieHoang Duc Ngo Tich

générique artistique

Bibliographie

Synopsis

Au début de la Seconde Guerre mondiale, 20 000 Vietnamiens furent recrutés de force dans l’Indochine française pour suppléer, dans les usines d’armements, les ouvriers français partis sur le front allemand. Après la défaite de 1940, ces «Công Binh» (ouvriers-soldats) menèrent une vie de parias sous l’Occupation, livrés à la merci des occupants et des patrons collabos, et exploités comme des bêtes de somme sur tout l’hexagone. Totalement occultée de la mémoire collective, cette page de l’histoire franco-vietnamienne est remise en lumière par le bouleversant documentaire du réalisateur-scénariste Lam Lê. Devant sa caméra, une vingtaine de survivants, aujourd’hui nonagénaires, racontent le colonialisme vécu au quotidien. Ces sans-grades décrivent ainsi leur arrivée de nuit à Marseille, après une traversée en cargo dantesque. Le spectateur découvre alors, stupéfait, l’impitoyable politique raciste du MOI (Main d’OEuvre Indigène) vichyste qui envoyait les «annamites» travailler dans les poudreries, déboiser les forêts, dégorger les canaux et relancer la culture du riz en Camargue, dans un dénuement total, sans salaire, enfermés dans des camps. Assailli par les moustiques des rizières françaises, l’artiste-peintre Lê Ba Dang évoque ainsi son mal du pays ; un autre parle avec humour de sa méconnaissance du français («niquer madame» au lieu de «briquet madame») - 99 % d’entre eux étaient en effet analphabètes. Puis, après l’Occupation, ces apatrides racontent la situation intenable dans laquelle les a plongés cet enrôlement forcé. Ils révèlent ainsi l’opprobre qui les a frappés au Vietnam, où ils étaient injustement considérés comme des traîtres, alors même qu’ils soutenaient Hô Chi Minh lors de l’indépendance du pays en 1945 (raison pour laquelle, par ailleurs, la politique coloniale de Pétain refusait de les rapatrier). Après l’accord franco-vietnamien de Fontainebleau (6 mars 1946) reconnaissant l’existence d’un État libre du Vietnam, une lutte armée a éclaté entre Indochinois staliniens et trotskistes de France : les Công Binh seront considérés comme des ennemis par les vietminhs... Sans apitoiement, la caméra de Lam Lê capte la dignité de ces rares rescapés aux visages usés. Avec pudeur, Công Binh leur donne la parole - une parole prudente, dont ils ont été jusque-là privés -, et, en un savant dosage, ponctue la succession des témoignages de diverses séquences : mises en scène des Marionnettes sur l’eau du Théâtre national du Vietnam ; lectures percutantes du Discours sur le colonialisme (1950) d’Aimé Césaire ; images d’archives ; saynètes jouées par les petits-enfants des vétérans, illustrant leur asservissement («Chaque famille de trois fils devait en livrer un» ; «fils de mandarin, je me croyais intouchable !» ; «il fallait aller sauver la patrie... sans espoir de retour»). Tous ces éléments finissent par construire un portrait composite, riche, dense et édifiant, illustrant à la perfection la phrase de Pasolini rappelée en exergue : «L’Histoire est écrite par les fils qui interrogent les pères». Bouleversant autant que nécessaire.
© LES FICHES DU CINEMA 2013
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