Bestiaire (2011) Denis Côté

Bestiaire

Pays de productionCanada ; France
Sortie en France27 février 2013
Durée72 mn
DistributeurContre allée (source : ADRC)
>> Rechercher "Bestiaire" dans le catalogue Ciné-Ressources
imprimer

Générique technique

RéalisateurDenis Côté
Société de production Metafilms (Montréal)
ProducteurDenis Côté
ProducteurSylvain Corbeil
Distributeur d'origine Contre-Allée Distribution (Paris)
Directeur de la photographieVincent Biron
Ingénieur du sonFrédéric Cloutier
MonteurNicolas Roy

générique artistique

Bibliographie

Synopsis

De son propre aveu, Denis Côté a toujours mis au centre de ses films des personnages qui vivent à côté du monde, et cherché ainsi à les ramener du côté du vivant. Que ce soit un père vivant en autarcie avec sa fille (Curling) ou un vieux loup solitaire réfugié dans une casse (Carcasses), quelque chose va les bousculer. Bestiaire procède en quelque sorte en miroir : ses «personnages» - des bêtes, donc - sont du côté du monde vivant et renvoient les hommes - et parmi eux, le spectateur - à l’idée qu’ils s’en sont exclus. Flash-back. Le film démarre dans une classe, où des élèves dessinent un animal empaillé, placé au centre du cercle qu’ils composent. Le regard est attentif, la recomposition sérieuse ; l’animal est figé. Puis, la caméra se transporte à l’intérieur d’un zoo, celui-là même où Denis Côté avait filmé la scène du tigre dans Curling. Le réalisateur a été invité à y revenir pour élaborer un documentaire. Accompagné de deux collaborateurs, il s’est mis à produire des images, sans but défini, avant que le projet obtienne des fonds plus conséquents, du Canada, du Québec et du Fresnoy, où Côté a été enseignant. Ces images sont le coeur du film. Elles montrent les animaux de façon frontale, souvent au plus près. Si bien que plane un mystère sur la manière dont l’équipe réduite a pu approcher, sans risque, certaines bêtes face auxquelles on serait plutôt tenté de garder ses distances. Denis Côté étant un cinéaste de la forme, il compose des plans très travaillés, éminemment cinématographiques, sur chacun desquels s’imprime un regard. La caméra regarde. Et ce qu’elle nous donne à voir est finalement quelque chose d’assez peu vu ailleurs. Car ce regard n’est ni ethnographique ni anthropomorphique. On n’apprendra donc rien sur la vie de ces animaux (comme dans un reportage de la National Geographic), ni sur leur «psychologie» (comme dans un Disney). Si bien que ces animaux apparaîtront parfois comme des bêtes fantastiques, au sens où, malgré un traitement réaliste, ils semblent irréels : un long cou, un bec démesurément grand, un corps disproportionné... Habitués que nous sommes aux chats et aux chiens, il nous viendra bizarrement la réflexion que ces bêtes ne sont pas comme nous - comme si à force de les côtoyer, les animaux «de compagnie» avaient fini, eux, par nous ressembler. Jouant sur les décors clos plutôt que sur les grands espaces du zoo, Côté tire ses plus beaux plans de la tôle, arrière-plan idéal pour composer des images impressionnistes, renforçant l’irréalité de ses sujets. Est-ce une peinture ? Non, ça bouge. Les sujets entrent et sortent du cadre à leur guise. Le cinéaste joue avec les grilles de protection. Mais en plaçant sa caméra tout contre elles, il inverse le rapport entre l’homme et l’animal : c’est ce dernier qui semble se mouvoir librement, profitant de la profondeur du plan, tandis que le spectateur, lui, est enfermé. Cette sensation perdure jusqu’aux séquences finales, introduisant les visiteurs du zoo comme des éléments perturbateurs. À la manière d’un poète, Côté fait se succéder des images étranges, très belles, desquelles naît une forme de narration. Le dispositif nécessitera donc une confiance du spectateur. Car il pourra tout aussi bien apparaître comme totalement vain.
© LES FICHES DU CINEMA 2013
Logo

Exploitation