Two Years at Sea (2011) Ben Rivers

Two Years at Sea

Pays de productionGrande-Bretagne
Sortie en France04 février 2015
Procédé image35 mm - NB
Durée88 mn
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Générique technique

RéalisateurBen Rivers
Société de production Flamin Productions (London)
ProducteurBen Rivers
ProducteurMaggie Ellis
ProducteurRose Cupit
ProducteurJoão Trabulo
Distributeur d'origine Norte Distribution (Paris)
Ingénieur du sonChu-Li Shewring
MixeurKevin Pyne
MonteurBen Rivers

générique artistique

Jake Williams(dans son propre rôle)

Bibliographie

Synopsis

Étrange objet que voilà. Noir et blanc, pellicule à gros grain, pas de voix off, pas de contextualisation ; juste un homme vivant à son rythme dans un no man’s land de forêts et de brume. Le film s’attache à restituer quelque chose de cette existence à la fois rude et d’une grande douceur. Réveil à la lumière hivernale, eau qui bout, son de gouttes dans l’évier... Puis, dehors, l’homme scie une branche en haut d’un arbre, sifflote, bricole dans une vieille caravane... Puis, lentement, le toit de la caravane s’élève, on ne sait comment, on se demande même si on voit bien ce que l’on voit et, dans le plan suivant, la caravane se retrouve perchée dans les arbres, comme une cabane. Comment l’homme a-t-il fait ? On ne saura pas. On le voit, perché là-haut, ouvrir la porte de l’improbable habitacle. Contre-champ : il regarde (se regarde ?) d’en-bas.Le montage donne ainsi une sorte de double lecture onirique à la routine décalée de ce curieux personnage. On ne sait jamais très bien ce qu’il fabrique, farfouillant ici ou là, marmonnant, sifflotant. Avec du bois, quatre bidons et un matelas gonflable, il met au point un radeau et glisse sur les eaux d’un lac. Il s’allonge, sa canne à pêche àla main. Le plan est long, très long. On voit l’esquif dériver lentement jusqu’à la rive. L’image est fascinante, et le projet poétique du réalisateur se fait particulièrement sentir à ce moment précis. Malheureusement, la suite du film vient alourdir l’ensemble. On se prend à s’interroger sur l’intérêt de tel ou tel plan, ou à se demander si tous ces "défauts" de pellicule sont bien fortuits. Le film semble se répéter, et prendre de plus en plus la pose. On retrouve ici l’écueil fréquent du cinéma expérimental, à savoir le risque de se complaire dans une recherche purement formelle. L’accumulation des signes extérieurs de radicalisme "arty" donne la désagréable impression, dans cette deuxième partie, que le cinéaste se regarde filmer. Il n’en demeure pas moins que la beauté plastique de l’oeuvre est parfois impressionnante, avec notamment ces forêts quasi pointillistesà force de grain, poudrées de nuages effilochés,ou encore ces plans tout en ombres sur le visagedu héros. Préciser que l’homme a travaillé deux ans en mer afin de pouvoir s’offrir cette vie de solitude et de liberté aurait-il nui au film ? Le réalisateura laissé à d’autres cette question triviale. Peut-être frise-t-on ici le procès d’intention, mais ce côté inutilement hermétique, hautain, voire parfois délibérément déplaisant (le plan final, interminable) parasite la beauté du film, pourtant incontestable.À tant insister sur une austérité formelle un peu factice, le film finit par agacer, et chaque effet devient ostentatoire, chichiteux, et nous fait sortir de la ouate délicieuse de la première partie. Maissi l’on sait faire abstraction de ces postures un peu énervantes, Two Years at Sea apparaîtra avant tout comme une rencontre étonnante avec un homme libre et serein qui, à la façon d’un Thoreau, choisit de se retirer du bruit et de la fureur, et de prendre le temps de lire, faire la sieste ou monter une caravane dans les arbres...
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