La Saga des Conti (2012) Jérôme Palteau

Pays de productionFrance
Sortie en France20 mars 2013
Procédé image35 mm - Couleur
Durée97 mn
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Générique technique

RéalisateurJérôme Palteau
Société de production Vic Production (Compiègne)
Coproduction Les Films d'Ici (Paris)
Coproduction France Télévisions
Distributeur d'origine Les Films des Deux Rives
Directeur de la photographieJérôme Palteau
Ingénieur du sonJérôme Palteau
Compositeur de la musique originaleLoïc Lannoy
MonteurMarie Quinton

générique artistique

Bibliographie

Synopsis

Ce document exceptionnel fait le récit de la lutte qui opposa les 1120 ouvriers de l’usine Continental de Clairoix à la direction du groupe. En 2009, cette dernière décida de fermer le site en dépit de l’accord, signé deux ans auparavant, par lequel les salariés acceptèrent le retour aux quarante heures en échange de la promesse de pérennité de leur activité. Jérôme Palteau a su se faire une place parmi ceux que la presse appela «les Conti», et qu’il a suivis durant huit mois. Son film est d’une grande sobriété, sans voix off, alternant images prises sur le vif, archives télévisuelles et interviews réalisées après coup. Au feuilleton médiatique auquel il aura été difficile d’échapper pendant le conflit, Palteau oppose le contre-champ complexe et humain d’une révolte qui prend forme peu à peu. On assiste aux débats du «Comité de lutte», collectif autogéré qui permit aux ouvriers de s’organiser hors des syndicats, vivement critiqués pour leur déconnexion avec la base, et qui montreront d’ailleurs le peu de cas qu’ils font de la voix du travailleur de base au cours des événements. Au-delà de la chronique précise d’un mouvement social, le film s’attache aux personnalités qui l’animent. Et comme dirait Brassens : «c’étaient pas des amis choisis par Montaigne et La Boétie». Ça jure, ça se charrie, ça gueule, et c’est ce qui fait tout le sel de ce portrait de groupe. Xavier Mathieu, délégué syndical et figure emblématique des Conti, n’était pas préparé à faire face à un plan social : «La première fois où je suis monté sur une palette pour prendre la parole, je priais pour qu’on ne me pose pas de question» confie-t-il. D’où l’appel à la rescousse de Roland, retraité de l’usine Chausson, jadis théâtre d’un mémorable mouvement social. Voir ce vieux loup de mer parler stratégie nous plongerait presque en plein film de genre. La partie d’échecs se déroule sous nos yeux, émaillée de coups d’éclats, comme le «saccage» de la sous-préfecture qui fit tant parler. «Dans ma tête, il n’y a pas d’huissier pour constater les dégâts» dit simplement un ouvrier, relativisant l’incident par rapport à la détresse de milliers de familles. On voit également à quel point, à l’heure de la mondialisation, il est difficile de parler directement aux décideurs. Le directeur français est un lampiste, l’État esquive, ment, fait diversion, et la direction allemande joue à cache-cache. Pour débusquer ce Godot qui ne vient jamais, les Conti redoublent d’audace. Ils vont même à Hanovre, au siège du groupe, où ils rencontrent leurs collègues allemands. «Ich bin ein deutscher Arbeiter» leur dit Xavier Mathieu. Une émotion traverse la foule. Une autre Europe serait-elle donc possible ? «J’en avais la chair de poule» dit-il ensuite. Le spectateur aussi. Jamais caricatural, n’éludant rien de l’action parfois positive des représentants de l’État, montrant sous un jour inédit le rôle ambigu des syndicats, le film fait un précieux état des lieux des relations sociales en France. Mais c’est avant tout une passionnante épopée moderne, riche en suspense, en coups tordus et en retournements de situation, qui nous est donnée à voir.
© LES FICHES DU CINEMA 2013
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