Ainsi squattent-ils (2012) Marie Maffre

Pays de productionFrance
Sortie en France05 juin 2013
Procédé image35 mm - Couleur
Durée90 mn
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Générique technique

RéalisateurMarie Maffre
Société de production K'ien Productions (Paris)
ProducteurJan Vasak
ProducteurDavid Kodsi
Distributeur d'origine Les Films de l'Atalante (Paris)
Directeur de la photographieMarie Maffre
Directeur de la photographieDominique Delapierre
Ingénieur du sonMarie Maffre
Ingénieur du sonDominique Delapierre
MixeurVianney Aubé
Compositeur de la musique originale Les Tistics
MonteurOlivia Bernholc

générique artistique

Bibliographie

Synopsis

Squatté - réquisitionné - pendant un an (d’octobre 2009 à octobre 2010), l’hôtel Coulanges, place des Vosges, est resté un symbole fort de la lutte engagée par le collectif Jeudi Noir pour défendre le droit au logement. Baptisé "La Marquise", l’hôtel particulier était inhabité depuis quarante ans : terrible paradoxe d’une société qui, d’un côté, expulse et, de l’autre, laisse à l’abandon des logements vacants, au coeur même de Paris. Bien que vétuste (ni électricité ni arrivée d’eau), La Marquise a pu permettre à une trentaine de jeunes précaires - étudiants, pour la plupart - de vivre décemment. Peu à peu, elle est devenue un lieu ouvert, d’échanges et de débats, vitrine publique d’un combat qui se mène dans l’ombre ou alors, en de rares occasions, sous les projecteurs amnésiques des caméras, pour quelques flashs d’informations chocs - scènes d’expulsion, coup de gueule d’un élu en campagne, etc. La documentariste Marie Maffre, elle, a laissé sa caméra allumée pendant bien plus longtemps, préférant le patient travail de l’observation et de l’écoute à celui des coups médiatiques. Ce faisant, elle révèle avec sensibilité le quotidien de ces "galériens du logement", à la fois à La Marquise mais également dans d’autres lieux réquisitionnés, comme le très symbolique immeuble d’Axa de la rue Matignon, à deux pas de l’Élysée. Ainsi squattent-ils montre le militantisme à l’oeuvre. Le recours permanent au système D pour régler les problèmes quotidiens (installer des sanitaires, réparer les fuites d’eau) est mis en parallèle avec la lutte générale du collectif. Squatter est illégal, certes, mais occuper un lieu vacant pour loger des personnes sans toit est légitime. Plutôt que d’asséner des revendications - au risque de tourner, comme certains films militants, au simple tract destiné à prêcher des convaincus -, ce documentaire donne à voir, à vivre, à ressentir, une utopie en marche, une utopie qui, à défaut d’être pleinement réalisée, prouve qu’elle n’en est pas moins réalisable. Cette utopie, c’est celle d’une "planète en propriété collective" qu’évoque Albert Jacquard, président d’honneur de l’association Droit au logement, en introduction - seule réelle interview du documentaire, la réalisatrice saisissant plutôt, avec malice et douceur, tous les autres témoignages à la volée. Cette utopie, c’est celle qui se déploie dans toutes ces scènes de légèreté et d’euphorie, alors même que pèse la menace d’une expulsion imminente. Ainsi squattent-ils n’élude aucun moment de découragement, comme lorsque le tribunal condamne les habitants à d’exorbitantes indemnités ou, pire, quand les CRS interviennent avec force pour les expulser. Mais toujours la crainte pour l’avenir est compensée par l’énergie collective, par la volonté de s’en sortir ensemble et d’obtenir juste "un peu de répit pour vivre". Ainsi squattent-ils : ainsi sont-ils. Ainsi pourrait être la société. Car, si le documentaire se conclut sur une note de désespoir - l’élection d’un gouvernement socialiste en 2012 n’a rien changé -, c’est pour mieux transmettre au spectateur la rage de croire. Une rage mobilisatrice.
© LES FICHES DU CINEMA 2013
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