L'Image manquante (2012) Rithy Panh

Pays de productionFrance ; Cambodge
Sortie en France21 octobre 2015
Procédé image35 mm - Couleur
Durée90 mn
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Générique technique

RéalisateurRithy Panh
ScénaristeRithy Panh
Auteur du commentaireChristophe Bataille
Coproduction CDP - Catherine Dussart Productions
Coproduction Arte France
Coproduction Bophana Production (Phnom Penh)
ProducteurCatherine Dussart
Distributeur d'origine Les Acacias (Paris)
Directeur de la photographiePrum Mésar
MixeurEric Tisserand
Compositeur de la musique originaleMarc Marder
MonteurRithy Panh
MonteurMarie-Christine Rougerie
Coordinateur des effets spéciauxNarin Saobora

générique artistique

Randal Douc(la voix du commentaire)

Bibliographie

Synopsis

L’oeuvre de Rithy Panh est celle d’un poète. Ses films sont en effet autant de rimes croisées qui s’embrassent au gré de ce qu’ils s’inspirent l’un à l’autre, formant une filmographie exemplairement cohérente, comme peut l’être celle d’un écrivain. Tel un Modiano qui, à force de creuser le même sillon trouve une compréhension de soi et du monde, Rithy Panh procède par petites variations (dans les thèmes : la mémoire, la disparition, le deuil, la culpabilité, la reconstruction : le champ lexical du génocide est savamment exploré) et grandes envolées (dans les genres : mi-documentaire mi-fiction, ici historique là intime). L’Image manquante (qui a reçu le Prix Un Certain Regard à Cannes, en 2013) est en quelque sorte une synthèse, ce qui pourrait être une conclusion temporaire pour le cinéaste dans son grand oeuvre d’historien et de témoin. S’y côtoient pêle-mêle les gens condamnés à travailler dans la rizière (Les Gens de la rizière), les artistes envoyés immédiatement au bûcher (Les Artistes du théâtre brûlé), les corps détruits, promis au mieux à devenir des âmes errantes (La Terre des âmes errantes), et les forgerons de l’enfer, implacables pourvoyeurs de la machine de mort khmère rouge (S21..., Duch...). Après avoir donné la parole aux bourreaux de la redoutable prison S21 en 2002, puis à son directeur, Duch, dix ans plus tard, Rithy Panh (se) raconte, lui qui avait 11 ans lorsque les Khmers Rouges vidèrent Phnom Penh de ses habitants... L’âge de raison suffisamment dépassé pour garder des sensations vivaces. Mais les images manquent et ne restent que celles d’une propagande si bien orchestrée qu’elle fut parfaitement assimilée par la communauté internationale. Rithy Panh déploie alors l’idée d’un poète : il recrée ses souvenirs à l’aide de pâte à modeler, revisitant son passé idyllique au sein d’une famille aimante, curieuse, cultivée et chaleureuse. Il rompt d’autant plus violemment ces scènes quasi picturales, rousseauistes, qu’il plonge ensuite dans le présent, en noir et blanc, d’un génocide sans précédent ni suite : l’extermination d’un peuple uni pour former un homme nouveau, que les quatre années d’atrocités, de 1975 à 1979, ne parviendront jamais à produire. Pas une guerre de religion, pas une guerre ethnique, pas une guerre civile : un programme de sélection. Tout d’abord assez factuel, distancié peut-être, Rithy Panh s’introduit petit à petit, par l’intermédiaire d’une voix off, interprétée par un autre que lui mais de plus en plus personnelle, dans l’intimité de ce qu’est un génocide. Avec moult détails, ceux dont sait s’embarrasser la mémoire, le cinéaste cambodgien accomplit un remarquable travail de recomposition. À la fois délicat et intransigeant, il poursuit sa quête pour rendre la parole au peuple en lui rappelant sa mémoire. Éclot alors une humanité fragile, dont on a voulu effacer les traces et dont une partie reste, plus de trente ans après, contrainte à errer comme des âmes perdues sur les routes de la soie.
© LES FICHES DU CINEMA 2015
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