Dans un jardin, je suis entré (2012) Avi Mograbi

Pays de productionFrance ; Israël ; Suisse
Sortie en France10 juillet 2013
Procédé image35 mm - Couleur
Durée97 mn
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Générique technique

RéalisateurAvi Mograbi
ScénaristeAvi Mograbi
ScénaristeNoam Enbar
Société de production Les Films d'Ici (Paris)
Société de production AMP (Tel Aviv)
Société de production Dschoint Ventschr Filmproduktion AG (Zürich)
ProducteurSerge Lalou
ProducteurAvi Mograbi
Producteur Samir
Distributeur d'origine Epicentre Films (Paris)
Directeur de la photographiePhilippe Bellaiche
Ingénieur du sonFlorian Eidenbenz
Compositeur de la musique originaleNoam Enbar
MonteurAvi Mograbi
MonteurRainer M. Trinkler

générique artistique

Avi Mograbi
Ali Al-Azhari
Yasmine Al-Azhari-Kadmon

Bibliographie

Synopsis

Depuis près de vingt ans, le cinéaste israëlien Avi Mograbi interroge les dilemmes de son pays, dont il défend la légitimité, mais conteste la définition en tant qu’État juif interdisant l’intégration des citoyens arabes israëliens au projet d’une société multiconfessionnelle. Autour d’un projet de film - lequel, en fin de compte, ne verra pas le jour - Mograbi et son ami Ali Al-Azhari, Palestinien d’Israël, évoquent et interrogent leurs histoires respectives. Manière de revenir aux origines de la création de l’État, et des événements de 1948, lorsque, par centaines de milliers, des Palestiniens furent expulsés de leurs terres. À ces échanges, l’auteur, qui n’aime rien tant qu’interroger la frontière entre réel et fiction, récits à la première personne et problématiques collectives, ajoute le récit nostalgique - inventé, mais illustré par des images documentaires et contemporaines de Beyrouth - d’un amour entre deux Juifs séparés par les aléas de l’histoire. Comme souvent chez Mograbi, le déplacement géographique (les trajets en voiture qui scandent le récit) se fait le vecteur d’un voyage intellectuel et temporel. Pour un public en mal de repères historiques - la longue succession des conflits et accords internationaux, leurs répercussions sur le Moyen-Orient -, l’ensemble pourra, parfois, sembler confus. Territoire politique s’il en est, portant à incandescence l’enjeu, commun à tous les États, de la coexistence de ses citoyens, et brassant des pans entiers de l’histoire du XXe siècle, de la destruction des Juifs d’Europe aux bouleversements successifs du Moyen-Orient, Israël est aussi l’endroit d’un cinéma singulier. Plus l’État hébreu, empêtré dans ses dérives droitières et communautaristes, bafoue ses principes démocratiques, et plus son cinéma - éminemment politique, donc - s’attache à le restaurer. En partageant la parole avec Al-Azhari, Mograbi prend ses distances avec les pamphlets agit-prop de ses débuts, dans lesquels il se mettait en scène en citoyen cabot et vindicatif, et signe une oeuvre dont le dispositif, moins prégnant que ceux de Z32 ou Août (avant l’explosion), s’efface au profit d’une facture plutôt modeste. En témoigne une séquence, magnifique, dans laquelle Al-Azhari, accompagné de sa fille (Yasmine, 10 ans), de son frère et de Mograbi, retourne dans son village d’origine, devenu, à la suite de l’expulsion des siens, une exploitation israëlienne. À la vue d’une pancarte indiquant que le lieu est «interdit aux étrangers», face à la violence, plus que symbolique - légale -, opposée à sa double identité d’arabe-israëlienne, la fillette est prise d’une soudaine angoisse. Pressant son père de quitter les lieux - craignant d’être «jetée en prison» -, elle exprime, à elle seule, les dilemmes de son pays. Mais le film, par bonheur, ne se résume pas à ce constat : c’est aussi à une forme d’utopie qu’il invite, en faisant resurgir le Moyen-Orient d’avant les frontières ethniques et confessionnelles, lequel trouve à s’incarner dans l’amitié d’Al-Azhari et Mograbi, donnée comme la modeste mais tangible preuve d’une possible coexistence entre Israëliens et Palestiniens.
© LES FICHES DU CINEMA 2013
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