Synopsis
Ils font tourner la tête des adolescentes du monde entier : Niall, Liam, Zayn, Harry et Louis forment One Direction, boys band recalé en 2010 à la finale de X Factor, un télé-crochet anglo-saxon. Malgré leur défaite, le groupe, dont les morceaux ont été relayés par les réseaux sociaux, est à présent sur le point d’entamer une tournée mondiale des stades. Véritable produit dérivé, le film suit cette tournée et ne dit rien de plus sur eux que ce qu’une aficionada aura pu apprendre par les fanzines. Les performances live sont agrémentées d’animations 3D assez grossières, probablement pour justifier la sortie du film en relief. Et, classiquement, les interviews des protagonistes se mêlent à des moments de détente plus ou moins spontanés en coulisses. Le tout forme un magma commercial très calibré. Que vient faire ici le réalisateur Morgan Spurlock ? Inquiétant paradoxe : celui qui, dans Super Size Me, dénonçait avec fracas et audace les dangers de la malbouffe, réalise avec One Direction : This Is Us un documentaire - en réalité plus proche de l’hagiographie - qui se révèle proprement indigeste. En vrac, il filme les cinq chanteurs s’émerveillant de leur découverte du Japon, se déshabillant dans leurs loges (ce qui ravira leur public majoritairement féminin), s’amusant de blagues potaches, gérant les hordes de fans qui les assaillent devant les hôtels... À chaque fois, le film rappelle combien ils ont su rester simples malgré le succès. Zayn offre ainsi une maison à sa mère (séquence émotion : les caméras filment la conversation téléphonique du jeune homme et de sa mère, fondant en larmes de reconnaissance) et Harry, lui, retourne à la boulangerie où il était vendeur (séquence détente : la boulangère lui pince les fesses). Point d’orgue de la tournée, leur concert à Mexico rassemble pas moins de 65 000 fans. Inébranlables, ils assurent le spectacle, avant de repartir pour une autre date. Les garçons travaillent dur, nous dit-on. Ils ont, en effet, enregistré leur dernier album, encore inédit, pendant qu’ils étaient en tournée. Mais rien n’est montré du marketing, de l’envers du décor ni même, étrangement, de leur musique, contrairement à ce que Jon Chu avait tenté de faire dans son film consacré à Justin Bieber, Never Say Never (2011). Aucune interrogation non plus sur leur statut d’enfants stars. Bref, One Direction : This Is Us élude toute réflexion et cache sa nature purement commerciale derrière un bien maigre prétexte : remercier tous les fans venus aux concerts et leur faire partager l’intimité du groupe. Durant le générique, on retrouve les fameuses blagues et caméras cachées qui ont forgé le succès des One Direction, alias 1D, sur le Net. Mais on note qu’elles bénéficient de maquillages professionnels, qui laissent supposer une intervention de la production... Et on gardera en tête les clins d’oeil caméra que font ces chanteurs, bien conscients d’être filmés, en plein milieu du stade de Londres comme lorsqu’ils réalisent leurs pitreries. Faussement rebelles, ils sont peut-être les plus conscients de leur stratégie commerciale. À réserver donc aux purs «Directioners».
© LES FICHES DU CINEMA 2013
