Cinema komunisto (2012) Mila Turajlic

Cinema komunisto, il était une fois en Yougoslavie

Pays de productionSerbie
Sortie en France18 septembre 2013
Procédé image35 mm - Couleur
Durée100 mn
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Générique technique

RéalisateurMila Turajlic
ScénaristeMila Turajlic
Société de production Dribbling Pictures (Belgrade)
Coproduction 3K Productions
Coproduction Intermedia Network (Belgrade)
ProducteurDragan Pesikan
ProducteurMila Turajlic
ProducteurIva Plemic
ProducteurDejan Petrovic
Distributeur d'origine Les Films des Deux Rives
Directeur de la photographieGoran Kovacevic
Ingénieur du sonIvan Uzelac
Ingénieur du sonZeljko Dordevic
Ingénieur du sonAleksandar Protic
Compositeur de la musique originaleNemanja Mosurovic
MonteurAleksandra Milovanovic
GraphisteJelena Sanader

générique artistique

Bibliographie

Synopsis

Le cinéma à l’époque communiste se résume-t-il seulement à des films de propagande ? En véritable pionnière, la Yougoslavie a été l’une des premières à entreprendre la réalisation d’une cité du cinéma en 1946. C’est à travers les yeux de Leka, le projectionniste personnel du président de la Yougoslavie, le maréchal Tito, que nous plongeons dans ce documentaire aux fausses allures de chronique historique. En effet, Tito était un cinéphile : il a visionné avec sa femme un film par soir pendant une trentaine d’années, soit près de 8 800. La cité a produit principalement des films à la gloire du Président, avant de s’ouvrir au marché mondial grâce à des tarifs minimes et comme devise aux exigences de tournage : «Nema problema !» («Pas de problème !»). Au milieu des ruines d’Avala Films, quelques irréductibles entretiennent les archives et les lieux désaffectés, entre coupures d’électricité et toiles d’araignée. La vie de ces lieux semble s’être arrêtée au milieu des années 1980. Certains témoins (qu’ils soient producteurs, réalisateurs ou stars) de cette époque racontent avec beaucoup de nostalgie cet âge d’or du cinéma, où les producteurs américains se bousculaient pour bénéficier de leurs décors énormes. Pour appuyer leurs propos, des images témoignent du sujet principal : des films de guerre, très portés sur les explosions. Les quelques noms qui ressortent de ces «happy few» s’interrogent maintenant sur les obscurs financements de ces superproductions, d’autant plus qu’un ancien membre des services secrets a, pendant un temps, été à la tête d’Avala Films. Contrairement aux fastes déployés par le maréchal et ses mises en scène spectaculaires (sur l’île Brioni, qu’il avait privatisée), la qualité de l’image est ici très modeste. Les archives n’ayant été que très peu restaurées, leur aspect endommagé appuie encore le côté désuet de ces chants à la gloire de Tito. De la même manière, la qualité des caméras des documentaristes donnerait presque l’impression que leurs images datent des années 1990. Pourtant, il y a bien foule en 2008 devant un pont à moitié dans l’eau, clé de voûte de la stratégie de Tito lors de la bataille de Neretva. Le pont avait été reconstruit entre temps pour les habitants, puis détruit une deuxième fois pour les besoins de la reconstitution de la success-story du président. Pour tenir son rôle, ce dernier avait d’ailleurs choisi... Richard Burton. Entre ces scènes légèrement grotesques d’un leader qui s’était fait aimer de son peuple avant d’être élu président à vie en 1974, certaines séquences révèlent un élément essentiel de la réussite yougoslave : le rôle de l’armée. Les conscrits pouvaient être réquisitionnés pendant leur service militaire en tant que figurants sur les plateaux, ou spectateurs du festival national de Pula pour remplir les arènes. Bercé par les stars américaines et une esthétique de la perfection, Tito n’avait pas préparé le peuple à sa mort en 1980. Si la Yougoslavie n’existe plus qu’en film, les fans de Tito sont encore nombreux à se faire prendre en photo devant sa tombe. Un peuple qui n’a pas encore fait le deuil de sa Yougoslavie fantasmée.
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