Les Enfants des mille jours (2012) Jaco Bidermann

Pays de productionFrance
Sortie en France02 octobre 2013
Procédé image35 mm - Couleur
Durée90 mn
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Générique technique

RéalisateurJaco Bidermann
Société de production Iskra - Images, Sons, Kinescope, Réalisations Audiovisuelles (Paris)
ProducteurViviane Aquilli
Coproducteur Cinaps TV
Directeur de la photographieClaudia Soto Mansilla
Ingénieur du sonClaudia Soto Mansilla
MixeurJean-Marc Schick
Décorateur Iskra - Images, Sons, Kinescope, Réalisations Audiovisuelles (Paris)
MonteurJaco Bidermann
MonteurPierre-Alain Giraud

générique artistique

Bibliographie

Synopsis

Que s’est-il passé au Chili il y a 40 ans, le 11 septembre 1973 ? Un coup d’État ? La mort de Salvador Allende ? L’instauration d’une dictature ? Tout cela, bien sûr, mais sans doute plus encore : l’entrée dans un autre monde, celui dans lequel nous vivons aujourd’hui, où le libéralisme, ayant assis sa domination sur les ruines des utopies, s’est imposé de force comme seule réalité possible et crédible. Les Enfants des mille jours commence en 2010, quand Sebastián Piñera, richissime homme d’affaire véreux et démagogue berlusconien, prend le pouvoir au Chili. Dans la rue, des jeunes gens, probablement nés après le départ de Pinochet, en 1988, font éclater leur joie dans la rue, et dédient cette victoire à l’ancien dictateur. Claudia Soto Mansilla, Chilienne exilée en France, se demande alors comment il est possible que son pays en soit venu à avoir une telle méconnaissance de son histoire et une telle soif d’amnésie. Avec l’aide de Jaco Bidermann, elle va donc aller à la rencontre d’anciens collaborateurs d’Allende (dont son propre père) pour reconstituer ce qu’ont réellement été les mille jours durant lesquels l’Unité Populaire a dirigé le Chili. Intimiste et très concrète, cette évocation est la meilleure réponse qui puisse être apportée au discours dominant (non seulement au Chili, mais un peu partout), qui veut que l’idée d’un vrai pouvoir de gauche soit, au mieux un fantasme naïf et un peu ridicule, désuet comme un manteau en peau de chèvre, au pire un danger portant inévitablement en germe le spectre menaçant de la dictature du prolétariat. Face à cette seconde idée, Mansilla rappelle qu’Allende avait été porté démocratiquement au sommet de l’État, et qu’il refusait obstinément d’asseoir son pouvoir sur l’oppression. Mais surtout, face à la première idée, elle oppose le meilleur argument possible : l’énoncé concret des réformes mises en place par l’Unité Populaire. Car, loin d’être de doux rêveurs, les membres de ce gouvernement étaient des gens rationnels et porteurs de véritables propositions pour développer le pays tout en y instaurant la justice sociale. Même s’il n’a pas le souffle des grands films de Patricio Guzmán (La Bataille du Chili, Salvador Allende), ce documentaire est à la fois simple, modeste et intelligent. Il secoue, sans agressivité mais efficacement, les idées reçues, et nous montre des gens beaux, qui s’accrochent avec une classe incomparable à ce qu’il est encore possible de tenir : la mémoire, l’éthique, la fidélité, la capacité de réfléchir. Le film est précédé d’un documentaire tourné à chaud, en 1973, et commenté par Simone Signoret : Septembre chilien. Celui-ci témoigne formellement d’un certain cinéma militant de l’époque, mais présente surtout l’intérêt de montrer le quotidien d’un pays où s’installe la dictature, et d’offrir des images émouvantes des obsèques de Pablo Neruda (mort quelques jours après la chute d’Allende). Dans Les Enfants des mille jours, c’est aux funérailles tardives (36 ans après sa mort !) du chanteur Victor Jara (torturé et assassiné dans la première semaine du coup d’État) que l’on assiste. Ce pays où l’on a tant voulu faire disparaître les morts n’a pas fini d’être hanté par ses fantômes...
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