Fifi hurle de joie (2012) Mitra Farahani

Fifi hurle de joie

Pays de productionEtats-Unis ; France
Sortie en France02 octobre 2013
Procédé image35 mm - Couleur
Durée96 mn
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Générique technique

RéalisateurMitra Farahani
Société de production Butimar Productions
ProducteurMarjaneh Moghimi
Producteur exécutifFereydoun Firouz
Distributeur d'origine Urban Distribution (Montreuil)
Directeur de la photographieMitra Farahani
MixeurA. Hossein Ghassemi
Compositeur de la musique originaleTara Kamangar
MonteurYannick Kergoat
MonteurSuzana Pedro

générique artistique

Bahman Mohassess(dans son propre rôle)
Rokni Haerizadeh(dans son propre rôle)
Ramin Haerizadeh(dans son propre rôle)
Farshad Mahootforoush(dans son propre rôle)

Bibliographie

Synopsis

À la fois enquête, rencontre, récit à suspens, ce film de Mitra Farahani n’est pas banal. La réalisatrice s’est attachée à retrouver la trace de Bahman Mohassess, peintre et sculpteur iranien de réputation internationale qui disparut, voici de nombreuses années, sans que l’on sache jamais ce qu’il devint. «Comment je l’ai retrouvé ? Je ne vous le dirai pas» prévient-elle. Suivent des images d’un cercueil... C’est dans sa chambre d’hôtel à Rome, où il vit depuis longtemps, que nous rencontrons l’étrange personnage. Dans un premier chapitre du film, nous écoutons Mohassess raconter son histoire. Comment il réalisa une statue du Shah, que celui-ci détesta et fit détruire, comment il vit le peuple «remplacer l’autocrate par l’ayatollah», comment il fuit son pays. Et comment il revint à Téhéran pour un bref séjour au cours duquel il détruisit presque toutes ses oeuvres. Car c’est un des mystères qui entourent l’artiste : pourquoi ce goût de la destruction ? «L’immortalité, tout ça, c’est des conneries. Comme je suis homosexuel, je ne laisserai rien à personne. Ce que j’ai fait, je l’ai détruit moi-même, comme ça pour les vautours, rien !» s’esclaffe le vieux bonhomme. Résolument libre et mal-pensant, Mohassess affiche un détachement rigolard des plus réjouissant. «Tout ça, décédé !» dit-il en passant en revue des photos de son travail. Il traite le peuple iranien de trouillard, renvoie dos à dos démocratie et dictature, et regrette le temps où l’homosexualité était réprimée, car «toute la beauté était dans l’interdit». Ses oeuvres reflètent cette crâne impertinence : corps difformes, sans bras, sans yeux ni bouches, collages sardoniques... Dans le deuxième chapitre, afin de pouvoir filmer le peintre au travail, Farahani se met en quête de commanditaires. Deux peintres admirateurs de Mohassess sautent sur l’occasion et font le voyage depuis Dubaï pour le rencontrer. Dès lors commence une sorte de thriller artistique savamment orchestré par la cinéaste, citant régulièrement Le Chef-d’oeuvre inconnu de Balzac, dans lequel deux commanditaires attendent la nouvelle toile de Frenhofer, peintre rangé des pinceaux, qu’incarnait Piccoli dans La Belle noiseuse. Y arrivera-t-il ou non ? Précisons que Mohassess est très malade, qu’il crache ses poumons entre deux cigarettes. Quelques scènes révèlent une facette plus grave et mélancolique de sa personnalité, comme ce moment cocasse et touchant où, en compagnie de ses invités, il regarde Le Guépard avec émotion, ou encore lorsqu’il répond à la réalisatrice qui lui demande quelles sont ses obsessions aujourd’hui : «Tout me révolte. Je suis dégoûté par tous ces massacres. Les hommes, les arbres, l’air, tout...» Farahani ne s’est pas trompée : jusqu'à son dernier souffle devant la caméra, Mohassess est un vrai personnage de cinéma, excentrique, provocateur, imprévisible, truculent, et irréductiblement mystérieux. On ne saura jamais vraiment pourquoi il détruisait si facilement ce qu’il créait, ni pourquoi il peignait si souvent des poissons. Mais on aura fait la connaissance de Fifi, son oeuvre fétiche, qui porte en elle toute l’ironie d’un artiste absolument libre.
© LES FICHES DU CINEMA 2013
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