Tinghir-Jérusalem, les échos du Mellah (2012) Kamal Hachkar

Pays de productionFrance ; Maroc
Sortie en France09 octobre 2013
Procédé image35 mm - Couleur
Durée86 mn
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Générique technique

RéalisateurKamal Hachkar
ScénaristeKamal Hachkar
Société de production Les Films d'un Jour (Paris)
Société de production 2M Télévision
Société de production Berbère Radio Télévision
Distributeur d'origine Les Films d'un Jour (Paris)
Directeur de la photographiePhilippe Bellaiche
Ingénieur du sonMorgann Martin
Ingénieur du sonTully Chen
MixeurClément Chauvelle
Compositeur de la musique originaleShlomo Bar
MonteurYaël Bitton
Conseiller artistiqueDominique Welinski

générique artistique

Bibliographie

Synopsis

«C’est écrit dans la Bible. Tout le peuple d’Israël doit être dans le pays d’Israël.» Ainsi l’un des témoins rencontrés par Kamal Hachkar - cinéaste franco-marocain, dont Tinghir-Jérusalem est le premier film - justifie-t-il son départ pour Israël. Voilà plus de cinquante ans, cette femme quittait ainsi Tinghir, cité berbère aux portes du Haut-Atlas qui, jusqu’au début des années 1960, abritait une importante communauté juive. De cette présence millénaire, ne restent plus désormais qu’un quartier à l’abandon et, parmi les plus anciens, des souvenirs que l’auteur s’est efforcé de recueillir. Faire renaître une époque disparue - non sans la rêver quand même un peu, y puiser le voeu d’un temps à venir - celle d’une coexistence pacifique entre Juifs et Musulmans, devenue depuis, par endroits, une authentique utopie. Le projet auquel s’attelle Kamal Hachkar ne va pas sans évoquer, de manière toutefois moins ambitieuse, celui de Dans un jardin je suis entré d’Avi Mograbi [v.p. 183], soit un travail de remémoration d’une époque pas si lointaine mais qui, d’ores et déjà, semble s’éloigner dans une forme de mythologie. Ainsi le dit un vieillard en faisant le récit des guerres de territoire entre tribus berbères, quand Juifs et Musulmans combattaient côte à côte pour repousser les attaques des villages voisins : «Vous voyez cette maison ? Devant cette porte, il y avait plus de mille ennemis !» Autre temps, autres moeurs : devant la caméra de Hachkar, la fille d’un témoin musulman se demande s’il «n’est pas dangereux de filmer ça» («ça» désignant, croit-on comprendre, l’évocation d’une présence juive à Tinghir, même révolue, et que passent sous silence les manuels d’histoire). La projection du film au festival de Tanger (qui lui valut le Prix de la première oeuvre) fait d’ailleurs l’objet d’une polémique absurde, Hachkar se voyant accusé de promouvoir le sionisme. Touchant par endroits, Tinghir-Jérusalem relève pourtant davantage d’une thérapeutique personnelle (l’auteur en revient in fine à ses propres origines, établissant un parallèle entre l’exil des Juifs berbères et celui de sa famille, partie en France en 1968) que d’un projet mû par un propos singulier. Pas exempt de raccourcis (en France, la cohabitation entre Juifs et Musulmans serait, aux dires de l’auteur, présentée comme impossible) ni de longueurs (séquences d’aimables retrouvailles autour d’albums-photo, dont on peut se sentir, parfois, un peu exclu), Tinghir-Jérusalem fait figure d’énième appendice au grand tableau d’un Maghreb et d’un Proche-Orient éclatés, livrés aux frontières religieuses. Hachkar intéresse davantage lorsqu’il met en lumière des épisodes moins connus : la défiance d’un certain nombre d’Ashkénazes à l’égard des Juifs marocains, une fois ceux-ci installés en Israël, et la déception vécue par certains, comme en témoigne une chanson écrite par l’une des intervenantes («Oh, maman, viens voir dans quel Kibboutz ils m’ont jetée / [...] Que Dieu nous vienne en aide / [...] / L’employée de Ben Gourion m’oblige à vivre dans la honte»). Ou lorsqu’il s’en tient au paradoxe qui fonde son projet, éprouvé par quelque 250 000 Juifs marocains : mettre un terme à un exil mythique en abandonnant sa terre natale.
© LES FICHES DU CINEMA 2013
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