In the Land of the Head Hunters (1914) Edward S. Curtis

In the Land of the Head Hunters

Pays de productionEtats-Unis
Sortie en France20 novembre 2013
Durée47 mn
DistributeurLes Bookmakers (source : ADRC)
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Générique technique

RéalisateurEdward S. Curtis
ScénaristeEdward S. Curtis
Société de production Seattle Film Company
Distributeur d'origine Capricci
Directeur de la photographieEdmund August Schwinke

générique artistique

Stanley Hunt(Motana)
Margaret Frank(une naïade)
Sarah Constance Smith Hunt(une naïade et une danseuse)
Madame Hunt(une naïade et une danseuse)
Madame Martin(une naïade et une danseuse)
Madame Walkus(une naïade et la fille du sorcier)
Balutsa(Waket, Yaklus et un villageois)
Kwagwanu(le sorcier)
Francine Hunt(la pêcheuse de palourdes, la prisonnière et la danseuse lors du mariage)
Bob Wilson(le pêcheur qui jette une papaye sur les rochers)

Bibliographie

Synopsis

À l’évocation d’un film muet à l’approche ethnologique dévoilant les secrets de la chasse à la baleine au début du XXe siècle, tout cinéphile averti pense spontanément à Nanouk, l’esquimau, réalisé en 1922 par Peter Flaherty. Pourtant, dès 1914, Edward S. Curtis, photographe spécialiste des Amérindiens, célèbre pour son imposante encyclopédie en vingt volumes et 2 500 clichés, The North American Indian, avait signé In the Land of the Head Hunters. Triste injustice de l’histoire du cinéma : le film de Flaherty passe aujourd’hui pour être le premier exemple - la référence absolue, même - du cinéma anthropologique, alors que son grand frère, réalisé huit ans auparavant, a disparu des mémoires. Cent ans plus tard, Capricci Films répare l’impair, en proposant une version restaurée d’In the Land of the Head Hunters. Agrémenté d’une bande originale de Rodolphe Burger, le film prend même, à cette occasion, des airs de curiosité expérimentale pour le moins intrigante. Il ne s’agit pas tant de moderniser une oeuvre centenaire pour la rendre soluble dans l’époque actuelle, que de lui redonner les atours qui étaient alors les siens. Mêlant une forme d’électro minimaliste à des sonorités ethniques, la musique de Burger rend, en effet, grâce à ce qui fait tout le charme de ce film, à la fois contemplatif et grandiloquent. Filmant les us et coutumes des Kwakiult, tribu indienne de Colombie britannique, Curtis ne se contente pas de conserver une trace d’un peuple sur le déclin, il réalise rien de moins que le premier film d’aventures entièrement tourné en extérieur, sans équipe professionnelle (à la même époque, D.W. Griffith, réalisant l’imposant Naissance d’une nation, bénéficiait de bien plus de moyens). En à peine plus d’une heure, le héros, fils d’un grand chef indien, s’initie à la magie de ses ancêtres, rencontre l’amour, échappe à un sortilège, se marie, est vaincu par de redoutables chasseurs de tête, voit sa femme vendue comme esclave et part en expédition la récupérer. L’occasion pour Edward S. Curtis de saisir sur le vif, entre deux cartons explicatifs, une pêche à la baleine, une cérémonie de mariage, un rituel de sorcellerie, une chasse aux têtes, une guerre de clans, etc. D’un côté, la précision du documentaire, de l’autre la puissance de l’épopée ; d’une part, des traditions riches d’un sens de la mise en scène millénaire, de l’autre les possibilités narratives du cinéma naissant : jouant des contrastes, Curtis ne tourne pas un film «sur» les Amérindiens du Nord, mais réalise bel et bien une oeuvre «avec» eux (à titre de comparaison, combien de temps a-t-il fallu pour que le western donne enfin la parole aux Indiens ?). Voir aujourd’hui In the Land of the Head Hunters, ce n’est pas contempler une relique du temps passé, ni s’adonner à un plaisir fétichiste, ce n’est pas non plus s’émouvoir d’un retour aux sources du cinéma (que pourraient illustrer de récents succès se référant au muet, comme The Artist, Tabou ou Blancanieves [v.p. 118]), c’est au contraire regarder face à face ces hommes et femmes qui apparaissent, dans leurs gestes, dans leurs sentiments, dans leurs rites, à jamais vivants et présents, en un mot : contemporains.
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