Alexandre Tharaud, le temps dérobé (2012) Raphaëlle Aellig Régnier

Alexandre Tharaud, le temps dérobé

Pays de productionSuisse
Sortie en France30 octobre 2013
Procédé image35 mm - Couleur
Durée65 mn
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Générique technique

RéalisateurRaphaëlle Aellig Régnier
Assistant réalisateurVincent Bourdin
Assistant réalisateurCécile Carassou
ScénaristeRaphaëlle Aellig Régnier
Société de production RaR Film
Directeur de la photographiePatrick Mounoud
Directeur de la photographieRaphaëlle Aellig Régnier
Directeur de la photographiePierre Ferry
Ingénieur du sonMarianne Roussy
MixeurBalthasar Jucker
MonteurChloé Seyssel

générique artistique

Alexandre Tharaud(dans son propre rôle)

Bibliographie

Synopsis

Les cinéphiles l’ont déjà aperçu dans Amour, où il jouait son propre rôle et dont il a interprété la musique. Les mélomanes l’ont découvert avec ses enregistrements musicaux, de Schubert à Scarlatti. Alexandre Tharaud, lauréat des Victoires de la musique classique en 2013 pour Le Boeuf sur le toit, devient aujourd’hui le sujet d’un documentaire qui explore autant le quotidien de l’artiste - les innombrables trajets en avion d’une scène à l’autre, les nuits en chambre d’hôtel, les répétitions... - que ses rapports avec l’instrument ou avec ses collègues de travail. Habitué à occuper le devant de la scène, déjà passé, donc, devant la caméra de Haneke, le pianiste se laisse explorer sans broncher par celle de Raphaëlle Aellig Régnier qui lui extorque, dans les loges, sur son canapé, ses impressions, ses états d’âme (plus ou moins passionnants), et, surtout, l’image d’un corps. Ce n’est pas le premier documentaire, bien entendu, qui s’attache à un musicien pour en décrypter la vie intime mais, à la différence de films hommages comme le récent Michel Petrucciani de Michael Radford, le sujet est là, bien vivant, et les plans vont dévoiler chaque détail de son visage, de ses mains, de son torse... puisqu’il nous est donné de l’accompagner jusque chez son ostéopathe. On suit le pianiste comme un sportif professionnel, attentif à chaque détail de sa morphologie, essayant de s’accommoder d’un physique qu’il estime inadapté à son art et qu’il doit en permanence surveiller. Ses manies, comme cette obsession de masquer la moindre bouche de ventilation et de protéger sans cesse sa gorge, comme le ferait une cantatrice, participent de ce dogme, solidement ancrée dans l’esprit du musicien, du «mens sana in corpore sano.» Voilà pour l’anecdote. Quant à la musique, qui reste l’intérêt premier de ce documentaire, il est peu dire qu’en ce registre Tharaud se montre perfectionniste. Qu’il fasse systématiquement accorder chaque piano de concert pour en obtenir le son idéal, passe encore. Qu’il mesure au millimètre près l’angle du piano par rapport à la scène, ce qui mécaniquement l’oblige à réaccorder l’instrument, et l’on n’est pas loin de la psychose. Qu’importe si cela amuse. La musique, elle, est toujours là (avec un bémol : ne pas avoir mentionné le titre des oeuvres interprétées à l’écran, issues d’un répertoire large, de Beethoven à Debussy), mais il faudra attendre une bonne moitié du film avant de l’entendre pour de bon, après s’être éloigné du divan de son psychanalyste pour le suivre en répétition, avec le violoncelliste Jean-Guihen Queyras notamment. Entre les deux artistes, l’entente est parfaite et le son nous fait enfin toucher du doigt ce sentiment de temps dérobé, quand les musiciens trouvent la note idéale, celle qui transporte, émeut et fait oublier la fuite du temps. Et le film de s’acheminer vers sa conclusion logique, les désormais inévitables variations Goldberg (en passe de devenir le nouveau «clair de lune» du cinéma) qu’il chantonne, en les interprétant, à l’image de Glenn Gould, illustre prédécesseur s’il en est. À la première mesure, on peut s’agacer, à la troisième, on est déjà emporté. Ce gaillard-là joue vraiment très bien.
© LES FICHES DU CINEMA 2013
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