Jasmine (2012) Alain Ughetto

Pays de productionFrance
Sortie en France30 octobre 2013
Procédé image35 mm - Couleur
Durée70 mn
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Générique technique

RéalisateurAlain Ughetto
ScénaristeAlain Ughetto
ScénaristeJacques Reboud
Collaborateur scénaristiqueChloé Inguenaud
DialoguisteAlain Ughetto
DialoguisteJacques Reboud
Société de production Les Films du Tambour de Soie (Marseille)
Société de production Mouvement
ProducteurAlexandre Cornu
ProducteurMichèle Casalta
ProducteurAlain Ughetto
Directeur de productionNahalie Bély
Distributeur d'origine Shellac Distribution
MixeurFred Bielle
Compositeur de la musique originaleIsabelle Courroy
DécorateurBernard Vézat
MonteurCatherine Catella
MonteurRémi Dumas

générique artistique

Bibliographie

Synopsis

En 2002, Alain Ughetto, auteur de films d’animation (notamment La Boule, César du meilleur court métrage d’animation en 1985) tombe, à la faveur d’un déménagement, sur des cartons conservés dans sa cave et contenant les aérogrammes brûlants d’amour que lui adressa autrefois Jasmine, Iranienne rencontrée à Paris en 1978 et repartie, ses études achevées, à Téhéran. Ughetto la rejoint en septembre de la même année pour vivre, jusqu’en avril 1979, un amour fou dans un pays qui, encore sous l’autorité du Shah, se trouve déjà emporté par l’effervescence contestataire. Jasmine est aussi militante que belle. Ses yeux sont d’un bleu profond, seul trait particulier dont Alain Ughetto se souvienne, trente ans après. Il décide alors de faire revivre l’intensité de cet amour et la fièvre politique iranienne de l’époque en utilisant son propre langage : l’animation en pâte à modeler. Jasmine sera bleue comme son regard et lui en jaune, parce qu'il faut bien une teinte qui tranche. «En malaxant la pâte, j'ai massé mon coeur», dit-il, parlant plutôt de «pâte modelée» que de «pâte à modeler», comme si, entre ses mains, la matière s'alanguissait tel un corps amoureux. C’est ainsi, par le travail des doigts sur la pâte, que toute une mémoire endormie remonte à la surface et que s’inscrit, dans ces deux personnages sans ossature, une sensualité à fleur de peau parce que, dit-il, «la mémoire est molle». Ils s’aiment, s’emboîtent, se fondent l’un dans l’autre, se confondent dans un Téhéran fait ici d’emballages en polystyrène, où bientôt, livrés à la seule folie des mollahs, il leur sera impossible de vivre pleinement leur amour. Deux voix-off tissent le récit. Celle de Jasmine, jeune et sensuelle, lisant les lettres de l'époque, est celle d’une comédienne iranienne qui souhaitait, lors du tournage, garder l'anonymat, celle, mélancolique et douce, d'Alain est interprétée par Jean-Pierre Darroussin. Pour confronter le chaos de ses souvenirs à celui de l’Histoire, l’auteur mêle, fort à propos, quelques images d’archives à l’animation. Celles du Shah d’abord, déjà aux abois, pathétique et impuissant, puis celle de Khomeiny en février 1979, accueilli par un peuple en délire mais qui déjà souille l’aspiration révolutionnaire. «Du jour au lendemain, la vie avait changé à Téhéran. Plus de fête, plus d'alcool, plus rien. On n'aurait jamais pu vivre ouvertement avec Jasmine.» Celle-ci décide pourtant de rester pour résister. Plus jamais ils ne se reverront. Le film, dans lequel le visage aimé n’est pas montré, se clôt sur dix secondes de son image en Super 8, aussi miraculeuse que fantomatique, brouillée par trente années passées dans la cave et tournée à l’époque par Alain Ughetto. Mariée, mère de deux enfants, elle vit aujourd’hui en Suède et connaît l’existence de ce témoignage amoureux saisi dans la pâte. Ce témoignage, qui dit avec une infinie poésie la nostalgie des amours mortes, et la force de qui a aimé, n’en évoque pas moins le dérisoire des utopies et le rigorisme des religieux, contre lesquels se fracassent la légèreté d’être, la liberté d’aimer et l’idéal politique. Toutes choses rappelées ici avec grâce.
© LES FICHES DU CINEMA 2013
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