Marguerite et le dragon (2012) Raphaëlle Paupert-Borne, Jean Laube

Pays de productionFrance
Sortie en France30 octobre 2013
Procédé image35 mm - Couleur
Durée56 mn
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Générique technique

RéalisateurRaphaëlle Paupert-Borne
RéalisateurJean Laube
Société de production E2P- Entre2prises (Montreuil)
Société de production Film Flamme (Marseille)
Société de production La Tournure
Distributeur d'origine Independencia Distribution (Paris)
Directeur de la photographieRaphaëlle Paupert-Borne
Directeur de la photographieJean Laube
Directeur de la photographieChloé Jacquemaud
Directeur de la photographieAaron Sievers
Directeur de la photographieClémence Borne
Ingénieur du sonRaphaëlle Paupert-Borne
Ingénieur du sonJean Laube
Ingénieur du sonChloé Jacquemaud
Ingénieur du sonAaron Sievers
Ingénieur du sonClémence Borne
MixeurCéline Bellanger
MonteurDenis Brotto

générique artistique

Bibliographie

Synopsis

La surprise de voir ce film de 56 minutes arriver dans les salles de cinéma est grande. En effet, Marguerite et le dragon est un simple montage d’images de l’enfance d’une petite fille, filmées par les membres de sa famille durant les six années que dura sa vie, marquée par la mucoviscidose qui finit par l’emporter en 2002. Rien de plus. Le film n’obéit à aucune construction, si ce n’est celle, chronologique, qui témoigne de la transformation de Marguerite, du stade de bébé à celui de petite fille. On la voit ainsi prendre son bain, jouer avec des chats, se promener dans les champs, faire de la balançoire, s’amuser avec une radio, téter le sein de sa mère... Autant de moments d’intimité familiale, assez touchants du reste, mais auquel le spectateur ne voit aucune raison d’être convié. Et pour cause ! Le regard porté sur l’enfant est celui, amoureux et inquiet, de ses parents, et uniquement le leur. À aucun moment, ni dans les cadrages, ni dans le montage, ni même dans le propos que distille parfois la voix off de sa mère, n’apparaît un sujet, ou du moins un traitement plus universel, plus fictionnel, plus cinématographique. Les images filmées (avec une caméra MiniDV de faible qualité, tant sonore que visuelle) restent terre-à-terre, brutes, obstinément réalistes - à l’exception de quelques respirations étranges, filmées, semble-t-il, après la mort de l’enfant, où l’on voit une bergère vêtue de rouge conduire des moutons dans la montagne. De fait, ce documentaire n’est, ouvertement, destiné qu’à un usage privé, familial. C’est un objet-mémoire, un témoin du passage de Marguerite dans la vie de ses parents, un geste thérapeutique, un travail de deuil. Mais sans doute moins une oeuvre de cinéma. Pourquoi donc Raphaëlle Paupert-Borne et Jean Laube, les parents de la petite fille, ont-ils monté ce film, presque dix ans après sa mort ? Si Marguerite et le dragon témoigne dans son ensemble d’une certaine foi envers le cinéma (le film redonne littéralement vie à Marguerite, une vie d’images et de souvenirs, plus forte en quelque sorte que la vie réelle), la démarche en elle-même peut paraître gênante, voire impudique. D’autant que le temps écoulé depuis le décès de l’enfant écarte définitivement la piste d’un geste spontané, irréfléchi. Qui peut-il toucher ? Avons-nous le droit, spectateurs anonymes, de regarder mourir cet enfant ? Et pourquoi le distributeur, par ailleurs, a-t-il accepté de sortir un tel film ? D’un matériau tout aussi intime - la perte d’un amour de jeunesse, fauché par un accident de voiture -, et doté de moyens guère plus importants, Alain Cavalier parvenait, dans Irène, à convoquer la mémoire d’une chère disparue par le biais conjugué d’une parole pudique et de trouvailles poétiques : en l’absence d’images, il recréait les siennes propres. Marguerite et le dragon, en revanche, frôlant le pur film de famille, court le risque de forcer l’apitoiement du spectateur. Ainsi, lors d’un long plan sur un médecin faisant tousser Marguerite pour analyser ses expectorations, le voyeurisme auquel nous obligent les auteurs devient même franchement insoutenable.
© LES FICHES DU CINEMA 2013
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