La Part du feu (2012) Emmanuel Roy

Pays de productionFrance
Sortie en France13 novembre 2013
Procédé image35 mm - Couleur
Durée88 mn
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Générique technique

RéalisateurEmmanuel Roy
ScénaristeEmmanuel Roy
Collaborateur scénaristiqueRania Meziani
Société de production Ad Libitum
Société de production Atopic (Paris)
ProducteurCatherine Bizern
ProducteurDominique Cabrera
ProducteurChristophe Gougeon
ProducteurIsabelle Erchoff
Distributeur d'origine Shellac Distribution
Directeur de la photographieEmmanuel Roy
Directeur de la photographieJean-Christophe Beauvallet
Ingénieur du sonPierre Armand
MixeurSébastien Ariaux
MonteurGilles Volta
Directeur de castingStéphane Batut

générique artistique

Franck Trillot(la voix du narrateur)

Bibliographie

Synopsis

Jusqu’à son interdiction totale le 1er janvier 1997, l’amiante a été massivement employée en France, alors premier pays importateur d’Europe. Sa toxicité, reconnue depuis le début du XXe siècle, a longtemps été relativisée tant le poids économique de cette industrie était important, et le lobbying trop puissant, pour la remettre en cause. Aujourd’hui, le réalisateur Emmanuel Roy exprime son inquiétude persistante. Son père, proviseur de lycée, est mort en 1993 d’un mésothéliome, un cancer de la plèvre, incurable, développé à la suite du désamiantage de son lycée effectué sans précaution, dans les années 1980. La découverte de son journal intime racontant sa maladie constitue le point de départ de ce documentaire. Lus en voix off, les extraits du journal viennent ponctuer la mise en scène, qui puise sa force visuelle dans le décor du gymnase abandonné et poussiéreux de Sanary (Var), voué au désamiantage. Seront montrées en parallèle l’avancée du chantier et l’évolution de la maladie : «L’amiante est comparable au magma pleural qui enserre mon poumon», entend-on. À travers le témoignage des quatre autres personnes (victimes, membres de leur famille ou spécialistes), le réalisateur dénonce ainsi le cynisme ou l’incompétence des décideurs de l’époque : «Faire la part du feu, c’est sacrifier ce qui semble négligeable pour sauver l’essentiel. L’amiante protégeait de presque tout, à moindre coût, pour un profit maximum. C’était l’essentiel». Après le diagnostic posé à l’image par Philippe Dubuc, ancien inspecteur du travail, le spectateur pénètre au coeur du gymnase et découvre concrètement la réalité du désamiantage. Sylvie Zannoti, architecte spécialisée, en est le maître d’oeuvre. Avec elle, la caméra entre dans le ventre du chantier : masquée, protégée intégralement par sa combinaison blanche, elle casse, arrache, découpe et s’attaque au décor avec acharnement, semblant en exorciser le mal. Tels des cosmonautes, des ouvriers bâchent les lieux avec soin, raclent les particules gluantes aussitôt évacuées par d’énormes conduits ressemblant à des intestins. Tandis que la sobre voix off du récitant continue à décliner par intermittence les bulletins de santé alarmistes du père, un autre intervenant, Bernard Dao-Castes, se souvient, face caméra, avoir été lâché par son patron, triomphant devant les tribunaux en niant toute responsabilité dans sa maladie. Devant l’usine pétrochimique locale où son frère mourut d’un cancer de l’amiante, Michelle Botella témoigne à son tour de son combat pour que l’État reconnaisse sa responsabilité. S’il est militant, La Part du feu se démarque du simple tract en introduisant une dimension mémorielle de transmission intergénérationnelle. Les chemins en sous-bois foulés par le cinéaste mènent à la mine d’amiante de Canari qui, encore aujourd’hui, souille les paysages idylliques de son enfance. Sa caméra suit son jeune fils déambulant joyeusement dans le gymnase nettoyé. Il conclut son récit par un film d’archives familiales des années 1950, montrant son père insouciant porté à bout de bras par son propre père. Ainsi s’achève son histoire émouvante, inscrite sur trois générations.
© LES FICHES DU CINEMA 2013
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