Synopsis
Survolant les 6 millions de km2 de l’Amazonie, un avion transporte la cage de Saï, un jeune capucin né en captivité. Un violent orage éclate ; un crash assourdissant est suivi d’un silence total. Au lever du soleil, dans la forêt redevenue bruissante, un étrange mammifère pénètre dans la carlingue et libère le petit singe, seul rescapé du voyage qu’assaille aussitôt une nuée de moustiques. Le capucin observe une colonne de fourmis rouges ainsi qu’une énorme mygale en chasse et préfère prudemment regagner sa cage. Au matin du deuxième jour, la forêt amazonienne émerge de la brume et la lumière pénètre à travers les grands arbres. Saï perçoit le chant mélodieux d’oiseaux invisibles et décide de se risquer en terre inconnue. Ainsi commence l’aventure du petit héros au collier rose, souvenir dérisoire de son séjour chez les hommes. Documentariste renommé, Thierry Ragobert est notamment connu pour sa collaboration avec le commandant Cousteau mais surtout pour La Planète blanche (2006), grande épopée de la vie en Arctique. D’approche similaire, Amazonia aborde cet autre biotope essentiel à la planète qu’est l’Amazonie, dont la faune et la flore respirent au rythme de la montée et décrue des eaux du fleuve. D’emblée, le spectateur ressent physiquement l’impression d’écrasement que procure le premier contact avec cette «planète verte», ses sons, ses odeurs, l’humidité ambiante et la peur de cette faune qui n’abrite pas moins de 10% des espèces du globe. Entraîné dans le sillage de ce Fitzcarraldo animal, il s’identifie à ce petit primate intelligent mais candide. Naïf dans sa narration, le film évite pourtant le piège de l’anthropomorphisme et puise sa force dans son approche sensorielle, oscillant entre documentaire animalier et fiction. Toute la dramaturgie, sans dialogues ni commentaire, passe par l’image. Pour ce faire, Thierry Ragobert adopte le dispositif complexe de la 3D, servi par des effets sonores appropriés. Le public accompagne ainsi le regard aigu du primate dans des paysages en relief grandioses. Au plus près des animaux, de superbes séquences jalonnent son parcours initiatique : un crocodile à l’affût, le grognement sourd d’un jaguar en chasse, un anaconda redoutable, un boa a priori endormi, un singe hurleur obligeant le capucin à affronter de vertigineuses chutes d’eau ou un aigle harpie fondant sur un jeune capucin devenu copain. Ayant décrypté les codes de la jungle, on pénètre avec lui dans la canopée à 40 mètres de hauteur en s’immisçant dans l’univers intime de ses congénères. Au rythme du soleil, Saï observe désormais la faune avec plus d’assurance : les botos roses joueurs (dauphins), le tapir vorace, la chouette à lunettes, un couple de paresseux, le toucan et l’ara rouge au cri agressif ou le jaguar qui rôde à terre. Hélas, le bruit des scies électriques mutilantes et le ballet des camions chargeant les bois précieux viennent perturber la symphonie amazonienne. Devenu adulte, Saï constate le désastre, s’en retourne vers les siens et se libère de son collier rose. Un conte animalier touchant servi par une spectaculaire performance technique.
© LES FICHES DU CINEMA 2013
