Himalaya, la terre des femmes (2007) Marianne Chaud

Pays de productionFrance
Sortie en France11 janvier 2012
Procédé image35 mm - Couleur
Durée80 mn
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Générique technique

RéalisateurMarianne Chaud
Société de production Zed (Paris)
Société de production Arte France
Distributeur d'origine Zed (Paris)

générique artistique

Bibliographie

Synopsis

Armée d’une petite caméra, l’ethnologue Marianne Chaud atteint, après quatre jours de marche, le village de Sking, l’un des plus isolés de la région himalayenne du Zanskar, à près de 4 000 mètres d’altitude. Durant tout l’été, la jeune femme, que tout le monde appelle "Angmo"("celle qui est capable d’agir"), s’immerge dans le quotidien des habitants, majoritairement des femmes et des enfants - les hommes, bien souvent, sont partis en ville. Le quotidien est tout entier consacré aux moissons, en prévision du long hiver à venir. Des plus jeunes aux plus âgées, toutes les femmes travaillent chaque jour sans relâche. Elles fauchent l’herbe à la faucille, transportent les récoltes sur leur dos, gardent des troupeaux de chèvres ou ramassent les bouses séchées des yaks pour en faire du combustible... La réalisatrice, en totale immersion, accompagne les unes et les autres dans leurs tâches et saisit leurs confidences à la volée. L’une attend son mari, une autre s’adonne à un plaisir contemplatif, une dernière - la doyenne - s’éteint paisiblement. Pas à pas, à mesure que l’hiver annonce son emprise future sur ce décor désolé, Himalaya, la terre des femmes capte l’inlassable répétition des gestes, enregistre les paroles autant que les silences, témoigne de la paix autant que de la mélancolie. Ce faisant, il rend hommage à cette vie d’ascèse, hors du temps et coupée du monde (refusant volontairement toute forme de modernité, les villageois se méfient de "l'arrogance" des gens de la ville). Marianne Chaud réalise là un film d’une belle simplicité, qui redonne toute sa valeur à une notion pourtant peu cinématographique : la modestie. Modeste, le film l’est à la fois par les moyens qu’il emploie (une seule personne pour toute équipe technique), par sa forme (les images, tremblantes et parfois confuses, ne cèdent jamais au spectaculaire) et par son ambition (témoigner). Modeste, la réalisatrice l’est aussi par sa discrétion et son sens de l’écoute. Davantage qu’un reportage anthropologique didactique, son film est une douce chronique de la vie qui passe, un portrait sensible de ces villageoises de tous âges, comme une ode à la féminité, un miroir tendu à notre propre culture. Chacun des portraits est avant tout une rencontre, à laquelle le spectateur est pudiquement convié. Car Marianne Chaud préfère filmer sa relation avec ces femmes, plutôt que de se glisser dans la peau de l’observatrice neutre. Sa caméra est une présence qu’aucun des protagonistes ne cherche jamais à nier. Elle est l’occasion de discussions, de jeux, d’interrogations. Elle est un lien autant qu’un obstacle. Elle crée une faille, une passerelle, entre là-bas et ici, entre leur civilisation et la nôtre. Rien de démonstratif, rien d’appuyé et pourtant tout est dit de ce qui nous différencie et nous rapproche. Aussi est-il dommage que le commentaire tombe parfois dans le catalogue informatif (tendance épisode d’Ushuaïa) et cède à une forme de complaisance exotique (comme dans les nombreux "Toi, petite bergère..." que la réalisatrice adresse en voix off à une jeune villageoise pleine de curiosité et de tendresse).
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