Synopsis
Le 13 mai 1917, à Fátima, au Portugal, la Vierge apparaît à trois enfants et leur révèle un "redoutable secret qui concerne l’humanité entière". Mais quel est-il au juste ? Tel est l’enjeu de ce documentaire avançant à grands renforts de musique tapageuse. La révélation en question se composerait en réalité de trois parties : la première serait une vision du purgatoire et la deuxième une exhortation à "confirmer la Russie à son coeur immaculé". La troisième, en revanche, pose problème, car la Vierge aurait interdit aux enfants de la dévoiler. L’un d’entre eux, devenue entre-temps Soeur Lucie, a confié ce secret dans ses mémoires en 1941, mais le Vatican ne l’a révélé qu’en 2000. Car il s’agirait, à en croire le Saint-Siège, d’une vision évoquant "un évêque vêtu de blanc tué par un groupe de soldats", ce qui aurait en quelque sorte préfiguré la tentative d’assassinat dont fut victime Jean-Paul II en 1981. On apprend aussi qu’en 1973, la Vierge serait également apparue à soeur Agnes, à Akita, au Japon... Le projet de Barnérias est de tenter de démontrer que la révélation du Vatican constitue un faux. En effet, selon un témoin, Vassulla Ryden (qui indique recevoir depuis 25 ans des messages de Jésus, non reconnus par le Vatican), le cardinal Ratzinger (qui deviendrait plus tard le Pape Benoît XVI), en charge de l’affaire de l’apparition mariale à Akita, aurait révélé à Monseigneur Ito, un évêque de la région, que le troisième secret est en vérité celui de Soeur Agnes. Ici, Barnérias, faisant preuve d’une déontologie journalistique sans égale, nous annonce tranquillement que, sur une vidéo qui va suivre, celle-ci révèle "sans le savoir" le secret : "si les hommes ne se repentent pas, Dieu enverra un terrible châtiment. Le jour où cela arrivera ce sera terrible, un feu va tomber du ciel, la plupart de l’humanité sera détruite. Aucun prêtre ni homme de foi ne sera épargné. Les survivants envieront les morts. Les seules armes que vous aurez seront le chapelet et la croix." Rappelons que Barnérias est connu entre autre pour être l’auteur d’une vidéo s’employant à démontrer que le gouvernement français aurait trafiqué le comptage des manifestants de la "Manif pour tous", afin de les minimiser... Le réalisateur se garde d’ailleurs bien de souligner que le même cardinal Ratzinger, chargé d’enquêter sur la véracité des "messages" envoyés à Riden, a conclu en 2007 (et donc avant le début du tournage du documentaire) qu'il s'agissait de "médiations intérieures" et non de "révélations". Le Vatican nous cacherait-il des choses ? C’est ce que le cinéaste persiste à nous faire croire, avec l'appui d'une mise en scène grandiloquente, aux effets spéciaux chichiteux, saupoudrée de reconstitutions historiques. Le spectateur a même droit à un acteur interprétant un moine sans nom, appelé "M", en guise de narrateur. Enfin, signalons une conclusion en forme d'apothéose, avec la vision d’enfants peignant des oeufs pendant la fête de Pâques, qu’accompagne ce message : "unissons-nous les uns et les autres"... On en vient à se demander si ce documentaire n'est pas une immense farce, et surtout ce qu’André Dussollier, qui prête sa voix durant les cinq premières minutes du film, est venu faire dans ce simulacre d’enquête... _J.Ch.
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