Le Temps de quelques jours (2013) Nicolas Gayraud

Pays de productionFrance
Sortie en France01 octobre 2014
Procédé image35 mm - Couleur
Durée72 mn
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Générique technique

RéalisateurNicolas Gayraud
ScénaristeNicolas Gayraud
Société de production La Vingt-Cinquième Heure (Saint-Ouen)
ProducteurNatacha Delmont-Casanova
ProducteurPierre-Emmanuel Le Goff
Distributeur d'origine La Vingt-Cinquième Heure (Saint-Ouen)
Directeur de la photographieNicolas Gayraud
Ingénieur du sonNicolas Gayraud
MixeurFrançois Dumeaux
MonteurNicolas Gayraud
MonteurIsabelle Mayor

générique artistique

Bibliographie

Synopsis

"J’ai cessé de me désirer ailleurs". Cette phrase d’André Breton, citée par Nicolas Gayraud, aurait pu servir d’exergue à ce précieux documentaire, tourné dans l’abbaye de Bonneval, dans l’Aveyron, où l’on est, plus que jamais, ailleurs. La mère abbesse, Michèle, est entrée dans les ordres en 1974. Cette décision était, à son sens, un acte contestataire, le rejet en bloc d’une société absurde. Ce rejet de notre mode de vie semble être commun aux divers protagonistes du documentaire : une ermite a refusé d’y apparaître, manifestant sa peur des images, de leur multiplication et de leur rapidité. Une autre soeur moque notre besoin de vivre entouré d’écrans et de sons. Le maelström de stimuli, l’artificialité de notre société semblent donc avoir définitivement effrayé ces êtres. Nicolas Gayraud oppose à notre monde, symbolisé par le passage d’un avion au loin, la lenteur de sa mise en scène, de l’ouverture du film, un long plan d’exposition de l’abbaye, au mouvement paresseux d’un escargot, que soeur Claire, d’ailleurs, dégusterait bien "assorti d’une pointe d’ail". Les moniales sont sujettes à de multiples tentations, et le port de l’habit n’a rien d’une panacée, comme le souligne soeur Anne-Claire, 31 ans, auparavant ingénieur électronique spécialisée dans les smartphones. Elle témoigne du paradoxe de sa situation : elle souffre de la privation des biens de consommation, tout en soulignant sa joie d’en être libérée. Lorsqu’elle a fait part de sa décision d’entrer dans les ordres, elle a suscité des réactions de stupeur. Ses parents ont eu l’impression de la perdre, quand ses amis ont affirmé ne pas comprendre son geste... Un prêtre, encore, ça dit la messe, mais une bonne soeur, ça sert à quoi ? Loin des effets de mode, le port de l’habit l’aide à se recentrer sur l’essentiel, la prière, qui mène au bonheur. Elle est sujette au doute, souvent, mais peu importe : une vraie foi doit être en lien avec la raison humaine. Au sein de l’ordre cistercien de la stricte observance, les journées sont consacrées aux prières, aux lectures et aux travaux, notamment à la chocolaterie de l’abbaye. Xavier, le maître chocolatier, philosophe : en quoi la foi en Dieu serait-elle absurde, quand la société semble croire que son salut viendra d’une perpétuelle croissance de sa consommation ? Le film est ponctué par des intertitres où l’auteur note, fort judicieusement, que ces moniales évoluent "dans un espace de bon sens". La novice Aleksandra, native de Pologne, est rongée par l’angoisse, souffrance qui n’est pas vaine, puisqu’elle apprend à aimer. Auparavant, elle cherchait son réconfort dans le cinéma, le théâtre, la littérature, mais n’y trouvait jamais que des parcelles de vérité. Maintenant, elle se sent mieux. Aucune des moniales ne semble étrangère aux angoisses existentielles, mais toutes affirment avoir gagné leur liberté, l’enfermement relatif de l’abbaye les mettant à l’abri des servitudes du monde. On en viendrait presque à les envier : c’est là tout le talent de Nicolas Gayraud, qui signe une oeuvre personnelle et exigeante, témoignant elle aussi d’une rare liberté. _P-J.M.
© LES FICHES DU CINEMA 2014
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