Kommunisten (2014) Jean-Marie Straub

Pays de productionFrance ; Suisse
Sortie en France11 mars 2015
Procédé image35 mm - Couleur
Durée70 mn
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Générique technique

RéalisateurJean-Marie Straub
Société de production Andolfi (Paris)
Société de production Belva Film GmbH (Baar, Suisse)
Distributeur d'origine JHR Films (Paris)
Directeur de la photographieChristophe Clavert
Ingénieur du sonDimitri Haulet
MixeurJean-Pierre Laforce
MonteurChristophe Clavert

générique artistique

Arnaud Dommerc
Jubarite Semaran
Gilles Pandel
Barbara Ulrich

Bibliographie

Synopsis

Dans une pièce nue, deux hommes se tiennent debout, le regard lointain. Une voix, hors-champ, interroge : "Quelle était votre fonction dans le parti communiste ?", insistant sur le double "m". La diction est très exagérée, bizarre, anti-naturelle. Écran noir. Une voix off évoque un épisode de captivité pendant la guerre. Puis, plan de dos d’un homme debout à côté d’une femme assise sur un balcon. On ne comprend pas bien de quoi ils parlent. L’enfantement, la prison... Ensuite, nous sommes dehors, à la campagne. Deux hommes et une femme sont debout devant des arbres, immobiles. Un des hommes parle en italien. Il évoque un souvenir. Maintenant, c’est au tour des deux autres de parler. Il s’agit peut-être d’un triangle amoureux. Là encore : regard au loin et diction affectée. Peu de plans durant cette séquence, qui s’étire et paraît très longue. La séquence suivante se déroule apparemment en Égypte, devant une usine. Il y a foule. La voix off parle de la révolution de 1919, des ouvriers en lutte, de la répression. La voix off s’interrompt. Le plan continue. La foule passe. Partie suivante : 1967, en Italie. Panoramique sur un paysage de montagnes : champs, vignes, village... Le panoramique s’achève et repart dans l’autre sens. Puis on se rapproche : dans le village, panoramique à 360°. On voit une stèle honorant les martyrs de Vinca, victimes de la barbarie nazie. Et puis d’autres panoramiques, et encore, et encore. Pas de voix off. Cela semble durer une éternité. On change de lieu. Un homme lit à voix haute un texte remettant en cause l’interprétation métapolitique, voire "sacrée" du génocide perpétré par les nazis ; il propose de replacer le carnage nazi dans sa "normalité", c’est-à-dire dans l’horreur ordinaire dont sont capables les hommes dans le cadre de l’impérialisme. Le film se termine par une courte séquence où une femme, assise par terre, à la campagne, tourne finalement la tête en disant : "Neue Welt" ("nouveau monde" en allemand). Que dire ? Ce film ne s’adresse à l’évidence qu’aux seuls aficionados de l’oeuvre des Straub. Autant dire à très peu de monde. Au profane, les 70 minutes de Kommunisten resteront d’une opacité totale. On comprend très peu de choses à ces monologues impénétrables, rendus d’autant plus abscons par cette diction invraisemblable dont on se demande bien quelle est la fonction. Quant à ces panoramiques interminables, peut-être sont-ils là pour nous apprendre à regarder "vraiment" les choses ? Pourquoi pas. L’effet produit est cela dit plus proche de l’irritation que de la découverte existentielle. Le plus étrange dans ce patchwork de séquences incompréhensibles, c’est qu’il répond apparemment, ne serait-ce que par son titre, à un projet politique. Or, s’adresser au public de façon si spectaculairement non spectaculaire, si ultra intellectuelle, si prodigieusement ésotérique a pour conséquence non pas de le stimuler, mais de le repousser le plus loin possible. Restent ces plans bucoliques, riches en sons naturels et où l’on assiste à cette chose si simple et si absente au cinéma : la lumière changeant au gré du passage des nuages.
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