Travailleuses (2012) Catherine Egloffe, Bouna Chérif Fofana, Serge Desiré Ouedraogo, [etc.]

Pays de productionFrance ; Roumanie ; Mali ; Chine ; Burkina Faso
Sortie en France12 novembre 2014
Procédé image35 mm - Couleur
Durée71 mn
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Générique technique

RéalisateurCatherine Egloffe
RéalisateurBouna Chérif Fofana
RéalisateurSerge Desiré Ouedraogo
RéalisateurJingfang Hao
RéalisateurAndrea Palade Flondor
RéalisateurLingjie Wang
Société de production Association Plus Vite
Distributeur d'origine Hevadis Films (Rouen)

générique artistique

Bibliographie

Synopsis

?Travailleuses s’intéresse aux usines de textile, aux machines et aux femmes qui les peuplent. Le film débute par de longs plans de l’intérieur d’une usine, vide de toute présence humaine mais habitée par le bruit des tapis roulants, des aspirateurs automatiques et autres engins métalliques dont l’oeil néophyte peine à comprendre la fonction. On est, dès les premières minutes du film, parfaitement immergé dans ce curieux univers et l’on a l’impression de redécouvrir que le cauchemar dépeint dans Les Temps modernes est toujours pleinement d’actualité. De petites mains - des mains de femmes - apparaissent et s’affairent, mécaniquement, à leur ouvrage. Elles sont parfois gantées de mailles, à la manière des chevaliers d’autrefois. Le montage alterne vues de coutures, de fers à repasser, de corps s’affairant à des machines débitant sans cesse une insupportable mitraille sonore. Un visage apparaît : celui, concentré, d’une jeune Asiatique. Elle ne fait que 4 000 pièces à la journée, quand les garçons peuvent en faire 6 000. Travailler à l’usine ? C’est important, ça rapporte de l’argent et ça permet de se maintenir physiquement. Et puis, c’est mieux payé qu’ailleurs. Mais ce n’est pas très intéressant de fabriquer des paires de chaussettes... Il faut respecter la cadence, ne surtout pas retarder les autres. Elle voudrait bien ne pas travailler plus de huit heures par jour et se reposer les samedis et les dimanches. Le staccato infernal des machines évoque celui des mitraillettes Thompson des gangsters des années 1930. Les cliquetis s’estompent, nous voilà en Afrique, avec cette femme qui nous dit que ce n’était pas vraiment une vocation d’être travailleuse en textile. Ce sentiment est globalement partagé par toutes les intervenantes. Dès lors, voici que le métier prend les allures d’un sacerdoce : on ne devient pas ouvrière par vocation. Les jeunes espèrent encore se reconvertir, tandis que les plus âgées attendent patiemment la retraite. Dans tous les cas, c’est toujours mieux que le chômage, affirme cette piqueuse française. Voilà une autre travailleuse, qui a installé une machine chez elle, dans une arrière-salle, et travaille à la demande, pour éviter la délocalisation et le chômage. Cela a quelque chose d’effrayant. Les pays varient, les machines aussi. Au Mali et au Burkina Faso, pas de machines électriques, seulement des engins mécaniques que l’on actionne au pied comme les rouets d’antan. En Chine, voilà une femme apaisée qui travaille chez elle, coud à la main, avec minutie, prend son temps. En termes de productivité, c’est le jour et la nuit. Mais elle vend ses ouvrages plus cher et c’est la belle illustration d’un monde à deux vitesses, où les plus démunis contribuent au monde des usines tandis que les minorités aisées peuvent se permettre d’investir dans des vêtements plus coûteux. Le film se termine, la parenthèse se referme. Les machines reprennent leur vacarme, les petites mains s’affairent, toujours plus vite. Les pales d’un immense aérateur saccadent l’extérieur, la ville, le monde. Fondu au noir, retour dans le confort et le velours rouge d’une salle de cinéma. _P-J.M.
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