Pôle Emploi, ne quittez pas ! (2013) Nora Philippe

Pays de productionFrance
Sortie en France19 novembre 2014
Procédé image35 mm - Couleur
Durée78 mn
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Générique technique

RéalisateurNora Philippe
ScénaristeNora Philippe
Société de production Gloria Films Production (Paris)
Coproduction Les Films de l'Air (Paris)
Coproduction LCP - La Chaîne Parlementaire Assemblée Nationale
Distributeur d'origine Docks 66 (Paris ; Marseille)
Directeur de la photographieCécile Bodénès
Ingénieur du sonMatthieu Perrot
MixeurJocelyn Robert
Compositeur de la musique originaleMarc Marder
MonteurAnne Souriau

générique artistique

Bibliographie

Synopsis

"Je ne suis pas ma collègue, je suis moi". C’est l’une des premières répliques du documentaire et elle donne le ton. Alberte a beau faire preuve de bonne volonté, face à la masse des demandes, elle est gagnée par l’absurdité qui guette son institution : Pôle Emploi (PE). Pendant trois mois, la réalisatrice Nora Philippe a suivi le quotidien de l’agence Pôle Emploi de Livry-Gargan, commune tranquille de Seine-Saint-Denis. Elle s’est placée du point de vue des salariés de l’antenne. En se postant dans un Pôle emploi, elle explique vouloir interroger "le fonctionnement d’une grande institution, l’infléchissement de l’administration publique vers des techniques de management et un lexique issus du privé, la relation de la société française au travail, le poids du politique sur la question du chômage et la crise économique globalisée !". Évidemment, ces enjeux ne sont pas traités directement mais ils imprègnent le quotidien des agents qu’elle a décidé de suivre. Sans le génie d’un Raymond Depardon, ni le sens du récit d’un Jean-Xavier de Lestrade (Un coupable idéal), Nora Philippe s’accroche à la technique de l’immersion et livre un matériau brut, sans commentaire ni voix off. Tout commence avec l’arrivée d’une nouvelle agent, Céline, et se termine avec la signature en grande pompe de quatre malheureux contrats d’avenir. Les débuts de Céline sont salués d’un "Courage !" crié en choeur par ses collègues, comme une sorte d’incantation destinée à se réconforter. Car du courage, il en faut pour trouver son chemin entre les demandeurs d’emploi, les directives politiques et les objectifs de l’agence, qui se résument parfois à l’ordre de "faire du chiffre". Le manque de clarté du documentaire reflète sans doute celle dont pâtissent les employés de PE. La caméra a su saisir de nombreuses petites phrases qui en disent long sur le non-sens d’une organisation. "Le système informatique a annulé tous les rendez-vous aujourd’hui...". Comme si une entité anonyme et insaisissable gérait ce petit monde. Les métaphores pour décrire la machine sont au mieux poétiques : "PE aujourd’hui, c’est comme l’océan, c’est un mouvement perpétuel". Au pire désespérées : "Là, on va être HP et non plus PE ". Et, si la densité des expériences humaines n’est pas très bien saisie, la torsion du langage et du vocabulaire par la bureaucratie est montrée comme jamais. Car, ici, les acronymes émaillent la moindre phrase : DP, DCC, EMT, PPAE... La solution pour classer tout cela - "faire des sous-chemises" - suscite un rire nerveux chez certains. D’autres s’amusent : "Tu t’es payé combien de MEC [mises en contact] aujourd’hui ? Tu les as sauvegardées dans ton Q [le nom du disque de sauvegarde] ?". C’est finalement (et logiquement) la directrice, Corine, qui maîtrise le mieux le vocabulaire officiel. À la question "Si je ne mets rien dans le tableau, que se passe-t-il ?", elle répond sur un ton bourdieusien : "Pas de mouvement sur une cohorte, ce n’est pas possible...". Selon un blog du Monde, le documentaire, diffusé voilà un an sur la chaîne LCP, aurait déplu à la direction de Pôle Emploi. Il ne révèle pourtant rien de spectaculaire. Il montre juste des individus face à une tâche insurmontable. _I.B.
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