Les Règles du jeu (2014) Claudine Bories, Patrice Chagnard

Pays de productionFrance
Sortie en France07 janvier 2015
Procédé image35 mm - Couleur
Durée106 mn
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Générique technique

RéalisateurClaudine Bories
RéalisateurPatrice Chagnard
Assistant réalisateurJulie Romano
ScénaristeClaudine Bories
ScénaristePatrice Chagnard
Société de production Ex Nihilo (Paris)
Coproduction Les Films du Parotier (Paris)
ProducteurMuriel Meynard
ProducteurPatrick Sobelman
Distributeur d'origine Happiness Distribution (Paris)
Directeur de la photographiePatrice Chagnard
Ingénieur du sonBenjamin Van De Wiele
MixeurPierre Carrasco
MonteurStéphanie Goldschmidt

générique artistique

Bibliographie

Synopsis

Les règles du jeu dont il est question dans ce documentaire de Claudine Bories et Patrice Chagnard sont celles que de jeunes demandeurs d’emploi s’engagent à respecter. Lolita, Hamid, Kevin et Thierry n’ont guère plus de 20 ans et sont sans diplômes. Ils sont en quête d’un premier contrat de travail, un CDI représentant, sinon un eldorado hors d’atteinte, le terme idéal d’un parcours dont ils ne maîtrisent ni les codes ni les protocoles et auquel rien ne les a vraisemblablement préparés. Quant à ces fameuses règles qu’il leur est demandé de suivre scrupuleusement, elles consistent à être présent et ponctuel aux rendez-vous qui leur sont donnés, à se montrer souriant, à revêtir des tenues qui ne sont pas les leurs, bref à ressembler d’une manière ou d’une autre au premier de la classe qu’ils n’ont probablement jamais été, comme un jeune homme qui s’apprête à rencontrer, pour la première fois, les parents de la fille qu’il s’est mis en tête d’épouser. Orientés par Pôle Emploi vers une société privée, Ingeus (prononcer "ingéus"), dont elle est l’un des sous-traitants, les voici soudainement confrontés à un univers qui n’est pas le leur. Mais de quoi Ingeus est-il le nom ? Missionnée par Pôle Emploi, cette entreprise privée d’origine australienne - dont le chiffre d’affaires s’élève, selon Wikipédia, à 25 millions d’euros par an - a pour objectif d’accompagner les chômeurs sur le chemin escarpé de l’emploi. Privée, rappelons-le, signifie "soumise à des objectifs de résultats et de rentabilité". Dès la première séquence - la prise de contact entre les jeunes gens et l’un des conseillers de l’entreprise -, l’affaire est entendue : il s’agira pour l’essentiel d’une histoire de langue, de posture, de rôle à incarner - celui d’une jeune personne bien née, dont les déterminants sociaux sont favorables et l’avenir radieux -, de mise en scène en somme. Sans en avoir l’air, le film participe de cette certitude, en donnant à la mise en scène le pouvoir d’en faire des personnages, en élaborant, à l’aide de cartons, toute une dramaturgie : "Kevin va-t-il parvenir enfin à faire ce qu’on lui demande ?", "Lolita hésite", "Kevin se rebelle", situations interchangeables au demeurant, chacun parcourant des étapes vraisemblablement anticipées, balisées, prévues par d’autres. Parce qu’aucun d’entre eux n’est comédien. Bien au contraire. En émules naturels de Spinoza, ils tiennent à persévérer dans leur être, à ne pas tricher sur ce qu’ils sont, il en va de leur droiture, de leur dignité humaine, malgré leur situation d’exploités. Au fond, c’est bien de cela qu’il est question. Quand l’un d’entre eux finit par décrocher ce fameux CDI, il ne lui reste plus qu’à déchanter. Ce qu’il ne manque pas de faire, en raison d’une période d’essai de trois mois non rémunérée, d’horaires impossibles, d’efforts absolument univoques. Corvéables à merci, pas cultivés sans doute mais pas stupides pour autant, Lolita, Hamid, Kevin et Thierry ne sont pas dupes de ce qui les attend, même s’ils ne sont pas exactement à même de problématiser les enjeux auxquels la société les confronte. De ce point de vue, il est manifeste que les conseillers de l’entreprise ne sont pas davantage en capacité de le faire. Un constat désespérant !
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