Sud eau nord déplacer (2014) Antoine Boutet

Pays de productionFrance
Sortie en France28 janvier 2015
Procédé image35 mm - Couleur
Durée110 mn
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Générique technique

RéalisateurAntoine Boutet
ScénaristeAntoine Boutet
Société de production Les Films du Présent
Société de production Sister Productions (Paris)
ProducteurPatrice Nezan
ProducteurLaurent Versini
ProducteurJulie Paratian
ProducteurLucie Corman
Distributeur d'origine Zeugma Films (Paris)
Directeur de la photographieAntoine Boutet
Directeur de la photographiePhilippe Eustachon
Directeur de la photographieBoris Svartzman
Ingénieur du sonAntoine Boutet
Ingénieur du sonPhilippe Eustachon
Ingénieur du sonBoris Svartzman
MixeurChristophe Vingtrinier
Compositeur de la musique originaleAndy Moor
Compositeur de la musique originaleYannis Kyriakides
MonteurAntoine Boutet

générique artistique

Bibliographie

Synopsis

Né, en 1952, d’une idée de Mao Zedong, dont on sait qu’il n’en manquait pas ("L’eau du Sud est abondante, l’eau du Nord rare, songeait alors le Grand Timonier : dans la mesure du possible, l’emprunt serait bon."), validé et mis en oeuvre cinquante ans plus tard (après des décennies d’études préparatoires, s’agissant notamment, on s’en doute, d’évaluer le "possible" en question) et prévu pour durer jusqu’en 2050, le chantier du Nan Shui Bei Diao (dont le titre du film d’Antoine Boutet reprend la traduction littérale), projet hydraulique aux dimensions sans précédent, vise à transférer une partie des eaux fluviales du Sud de la Chine vers le nord du territoire, en proie à de fréquentes périodes de sécheresse. Quelques chiffres suffisent à donner une idée de l’ampleur de la tâche : à terme, le détournement avoisinera les 45 milliards de m3/an, pour une longueur, si l’on additionne les trois voies actuellement en construction, de 4 350 km, et des centaines de milliers d’habitants déplacés. Plus encore qu’une gabegie financière ou une catastrophe écologique, ce qu’il semble être tout à la fois, ainsi qu’en témoignent plusieurs intervenants - tous plus ou moins en bisbille avec le régime -, ce projet signe la mainmise d’un État sur une population priée de décamper manu militari. En somme, pour le pouvoir chinois, le pays est une abstraction, un espace théorique où mener des projets prométhéens, au mépris des conditions de vie de citoyens réduits au rang d’outils, d’obstacles ou d’anecdotes. C’est, en effet, ce qui frappe en premier lieu, à la vue de ces chantiers hors norme, en regard desquels les hommes semblent minuscules, pour peu toutefois qu’on les y repère, aux commandes d’engins gigantesques ou se baignant aux abords d’un barrage : la violence infligée aux paysages, creusés, mutilés, rationalisés, est la même que celle qui, depuis des décennies, s’abat sur les citoyens chinois, prisonniers d’un Grand Bond en avant dont les termes n’ont fait que changer au fil du temps, dernièrement transmué en une croyance absurde - nous l’avons en partage - en la seule croissance du PIB comme modèle de développement. C’est ainsi, en toute logique, que le film prélève ses plus belles séquences dans la galerie de portraits conçue en marge des chantiers. Dans l’une d’elles, une poignée d’habitants spoliés par le régime, pêcheurs reconvertis malgré eux dans la culture de terres sablonneuses - en somme incultivables, ou peu s’en faut -, prend la parole et dénonce, dans un long plan-séquence, les mensonges du gouvernement ; leurs voix se superposent, s’interrompent ou se complètent alors dans une étourdissante chorale de vindictes. Ailleurs, une élue, visitant les lotissements conçus pour les déplacés, s’enthousiasme, s’émerveille même : ces baraques construites à la va-vite, aux finitions bâclées, mais c’est le paradis ! Leurs heureux propriétaires sont entrés de plain-pied dans la modernité ! Le raccourci est vertigineux : entre les deux séquences, c’est le divorce, radical, concerté et, pour l’heure, sans retour possible, entre un État et un peuple qui se voit consommé.
© LES FICHES DU CINEMA 2015
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