L'Abri (2014) Fernand Melgar

L'Abri

Pays de productionSuisse
Sortie en France04 mars 2015
Procédé image35 mm - Couleur
Durée101 mn
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Générique technique

RéalisateurFernand Melgar
Société de production Climage (Lausanne)
Coproduction RTS - Radio Télévision Suisse (Genève ; Lausanne)
Coproduction SSR - Société Suisse de Radiodiffusion et Télévision
Coproduction SRG - Schweizerische Radio-und Fernsehgesellschaft
ProducteurFernand Melgar
Directeur de productionElise Shubs
Distributeur d'origine Dissidenz Films
Directeur de la photographieFernand Melgar
Ingénieur du sonElise Shubs
MixeurEtienne Curchod
MonteurKarine Sudan

générique artistique

Bibliographie

Synopsis

Ce nouveau documentaire de Fernand Melgar (Vol spécial) complète une oeuvre qui est en train de s’imposer comme l’un des portraits les plus touchants, mais également les plus déprimants, des manquements fondateurs, en matière de solidarité, de nos sociétés modernes. Ici, le documentariste braque sa caméra sur un centre servant de refuge d’une nuit aux sans-abri dans la ville de Lausanne. La clientèle est variée : des vieillards perdus depuis longtemps dans la pauvreté, des immigrés venus chercher fortune (et s’en mordant les doigts), des familles de réfugiés avec enfants en bas âge... Comme à son habitude, le cinéaste s’intéresse de façon fouillée à presque tous les protagonistes de ce quotidien dramatique et montre comment chacun, pris dans ses contradictions, fait ses choix. Car Melgar ne manque pas de capter longuement l’aspect le plus douloureux du fonctionnement de l’abri : chaque soir, des "videurs" doivent faire respecter une ligne devant les portes, avant de choisir personnellement ceux qui pourront manger et dormir au chaud, laissant ainsi les autres dans le froid. Le film comporte donc certains passages susceptibles de briser le coeur, et qui illustrent avec clarté l’insoluble complexité d’une telle situation. Ainsi, on voit, par exemple, une petite famille, refuser de passer la nuit à l’abri car le père (il est vrai, vigoureux) se voit refuser l’entrée, alors qu’elle est naturellement accordée à la mère et à ses enfants. Résultat : tous se retrouvent dehors, sur le pavé humide. Cette terrifiante opération de sélection est le fil rouge du film. Elle sert à la fois de vague ligne narrative et de rappel permanent à l’absurdité de la situation, ce qui permet de faire sentir la pression, souvent dure à gérer, qui pèse sur les épaules de tous ceux qui travaillent à l’abri. Par la suite seront mises en circulation des sortes de cartes d’identité sommaires, donnant certains jours un accès prioritaire, mais sans bien entendu que cela résolve vraiment quoi que ce soit. Melgar filme donc les employés du centre, pris entre la tension générée par leur travail, le besoin d’aider, l’inévitable sentiment d’impuissance, la pression bureaucratique et le quotidien qui peut devenir tranquillement déshumanisant. Il n’oublie néanmoins pas les trajets individuels de ceux qui se retrouvent dépendants de ce lieu, dressant ainsi un portrait multiple des visages actuels de la pauvreté. Ce qui impressionne le plus dans la démarche du réalisateur demeure l’étonnante force de son regard. En effet, tout en restant d’une permanente discrétion, celui-ci parvient néanmoins toujours à percer à jour la personnalité de tous les protagonistes placés devant sa caméra, et à l’exposer de façon tranquillement évidente. Si Fernand Melgar, ne nous y trompons pas, est assurément un documentariste militant, il est aussi un artiste, et sa réalisation porte le sceau discret mais incontestable d’un auteur, d’un homme qui ne juge pas mais regarde avec acuité (et parfois sévérité) le spectacle effarant d’une modernité destructrice, dont il veut se faire le témoin. _S.G.
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