A la folie (2013) Bing Wang

Pays de productionFrance ; Japon ; Italie
Sortie en France11 mars 2015
Procédé image35 mm - Couleur
Durée227 mn
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Générique technique

RéalisateurBing Wang
Société de production Y. Production
Coproduction Moviola
Coproduction RAI Cinema (Roma)
Coproduction Fuori Orario
ProducteurLouise Prince
ProducteurBing Wang
CoproducteurMiyuki Takei
CoproducteurYang Wang
Distributeur d'origine Les Acacias (Paris)
Directeur de la photographieBing Wang
Directeur de la photographieXianhui Liu
Ingénieur du sonMu Zhang
MonteurAdam Kerby
MonteurBing Wang

générique artistique

Bibliographie

Synopsis

Évacuons tout de suite la tarte à la crème : non, on ne s’ennuie pas durant ces 227 min d’immersion dans un hôpital psychiatrique chinois. Bien sûr, on évitera la première séance après une mauvaise nuit, mais le film n’est en rien une tentative d’éprouver le spectateur. Comme à son habitude, Wang Bing montre les choses dans l’ordre chronologique et construit un récit du quotidien, avec ses routines, certes, mais qui se suit sans grand effort. Du lever qui ouvre le film au fondu au noir final, les jours et les nuits se succèdent, peuplés de personnages attachants, étranges, drôles ou opaques. Ma Jian, interné depuis cinq mois, qui soliloque puis enlève soudain manteau et t-shirt pour faire un footing dans l’étage ; "Le Chat", interné depuis onze ans, qui se verse une bassine d’eau sur la tête deux fois de suite avant de se recoucher en disant d’un ton rieur au caméraman : "T’as pas intérêt à te moquer de moi !" ; ou encore "Le Muet", interné depuis six ans, qui sourit beaucoup et semble toujours en quête d’affection. Les murs sont nus, les lits, rudimentaires, l’intimité est inexistante, mais ce n’est pas tant cette misère qui intéresse Wang Bing que ce qu’il se passe entre les habitants de cette nef de béton hors du temps où la vie, comme une mauvaise herbe, s’insinue finalement partout. Ce qui étonne sans doute le plus, c’est la douceur que l’on perçoit dans les relations des uns aux autres ; une sorte de tolérance tranquille, probablement aidée par la chimie journellement ingurgitée, que la durée des plans permet de saisir. La première qualité du film, c’est de regarder avec autant de soin la tendresse entre certains et la camaraderie que les bassines pleines d’urine, la froidure et les privations. Exemple de cette approche typique du cinéaste, cette scène où un homme apporte une bassine d’eau chaude dans la salle de télé et se met à laver avec application les pieds d’un des patients. On ne sait si ce sont de vieux copains ou s’il s’agit d’autre chose. L’homme sèche bien les pieds de l’autre et lui remet chaussettes et chaussons. Le simple fait d’assister à ce geste dans sa durée est en soi une expérience troublante. C’est le grand talent de Wang Bing que de donner toute sa place à un tel geste, si prosaïque et si éminemment noble. Voir cet autre patient, menotté pour avoir fait du grabuge pendant la nuit, implorant qu’on le libère à un homme en blouse peu pressé de le soulager ; voir "Le Muet" chasser les mouches en répétant "meurs, meurs, meurs" avec une trogne réjouie évoquant un personnage de Freaks ; voir aussi cet autre se couvrant mains et jambes d’idéogrammes. Autant de scènes et de plans mémorables. La caméra de Wang Bing est ici très mobile, suivant au plus près ses personnages. Trop peut-être. Pourquoi s’approche-t-il tant des visages, pourquoi ne reste-t-il pas davantage dans son coin, avec délicatesse, comme il le faisait si justement dans Les Trois soeurs du Yunnan ? La caméra semble trop souvent intrusive et on a parfois envie de dire au cinéaste de ficher un peu la paix à celui-ci ou celui-là. Beau documentaire donc, mais dont on peut questionner le rapport à l’intimité des personnes filmées.
© LES FICHES DU CINEMA 2015
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Videos

EditeurArte Éditions
DistributeurArte Éditions
Annee2015
VersionVersion originale sous titrée
FormatDVD - ZONE 2 (Europe/Japon)
PaysFrance
Nb/coul.Coul.
Durée227 minutes

Exploitation