Ma mère et mon père (2014) Müret Isitmez

Pays de productionFrance
Sortie en France11 mars 2015
Procédé image35 mm - Couleur
Durée105 mn
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Générique technique

RéalisateurMüret Isitmez
ScénaristeMüret Isitmez
Société de production MIML Production (Paris)
ProducteurMüret Isitmez
ProducteurMaxime Labruyere
Distributeur d'origine MIML Production (Paris)
Directeur de la photographieMaxime Labruyere
Ingénieur du sonPierre Bompy
MixeurPierre Bompy
MonteurMüret Isitmez

générique artistique

Bibliographie

Synopsis

Dans les années 1970, Gülperi et Hasan, les parents de Müret Isitmez, la réalisatrice de ce documentaire, ont quitté leur pays de naissance, la Turquie, afin de venir s’installer en France. C’est d’ailleurs là qu’est née, quelques années plus tard, celle qui livre ici son tout premier film. Pour ce coup d’essai, elle a donc choisi de rendre un très vibrant hommage à ses parents en mettant au premier plan leur histoire, mais pas seulement. En effet, à travers eux, Isitmez compose une ode à tous les immigrés, quels que soient leurs pays de naissance et d’adoption. Comme elle nous le montre clairement ici, l’immigration n’est généralement pas un choix, mais une chose subie, s’imposant comme l’unique moyen pour des hommes et des femmes, souvent à la tête d’une famille, de conquérir un avenir meilleur pour eux et surtout pour les leurs. L’exil porte donc en lui la douleur d’un combat. C’est sous cet angle que la réalisatrice nous dépeint ses géniteurs : des gens pauvres, menant une vie dure, et cherchant coûte que coûte à améliorer leur destin. Des battants. Pour cela, ils doivent quitter la terre qui les a vu naître, leurs racines, leurs proches... On ressent la déchirure profonde, la plaie encore ouverte, que représente cette séparation. La narration de Ma mère et mon père s’articule donc autour de l’histoire personnelle de la famille Isitmez, mais se met, en filigrane, au service de l’Histoire. Car c’est également le portrait de la France que dresse la documentariste, terre d’accueil qui recevait en son sein beaucoup d’immigrés de tous horizons et favorisait le regroupement familial. Au-delà du témoignage très intimiste et très personnel des parents de la cinéaste, le film a donc une envergure universelle et une dimension sociale très forte. Isitmez fait le choix d’une forme très sobre, voire austère, qui pourra en rebuter certains. Composé de longs plans fixes, des vues sur des paysages très différents, de la Turquie à divers endroits de la France, le film n’a pas de voix off ni de narrateur : il enchaîne simplement des interviews et des confessions, face caméra, de Gülperi et Hasan. Le récit de leur vie déploie une vraie dramaturgie et prend une certaine dimension romanesque. Ponctué également de quelques chants traditionnels turcs, souvent en corrélation avec le propos ou les images (celui parlant de l’exil, par exemple), Ma mère et mon père devient vraiment poignant au moment où l’on entend, enregistrée sur une cassette audio, la lettre orale du père destinée à ses proches restés en Turquie après son départ pour la France. Mais, d’une certaine façon, les forces du film sont aussi ses faiblesses, car cette grande authenticité et le dispositif très statique mis en place nuisent à l’équilibre de l’ensemble. Également productrice, monteuse et scénariste de ce documentaire, Müret Isitmez n’a certainement pas réussi à avoir le recul nécessaire pour faire les bons choix de coupes, qui auraient permis d’éviter des longueurs et de rendre le rythme plus fluide. Reste qu’il émane de ce voyage initiatique beaucoup de sincérité et une émotion contagieuse dans la libération d’une parole longtemps contenue.
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