Trois cents hommes (2014) Aline Dalbis, Emmanuel Gras

Pays de productionFrance
Sortie en France25 mars 2015
Procédé image35 mm - Couleur
Durée82 mn
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Générique technique

RéalisateurAline Dalbis
RéalisateurEmmanuel Gras
Société de production Les Films de l'Air (Paris)
Coproduction Inthemood (Montpellier)
ProducteurNora Philippe
Distributeur d'origine Sophie Dulac Distribution (Paris)
Directeur de la photographieEmmanuel Gras
Ingénieur du sonAline Dalbis
MonteurSophie Reiter

générique artistique

Bibliographie

Synopsis

C’est à Marseille, au centre d’hébergement pour sans-abri Saint-Jean-de-Dieu, que, deux hivers durant, Emmanuel Gras (auteur notamment de Bovines, nommé pour le César du meilleur documentaire en 2013) et Aline Dalbis ont tourné 300 hommes (titre renvoyant aux capacités d’accueil dudit centre). Pour dire à la fois la contiguïté et la dichotomie entre deux espaces, celui du recueillement et celui de l’action, celui d’une solitude (et d’une forme d’intimité) et celui d’une communauté d’hommes, le plan-séquence qui ouvre le film suffit à distinguer la sereine et discrète intelligence de sa mise en scène : frère Didier, en charge de l’établissement, achève au calme sa prière dans la chapelle en sous-sol, monte les marches qui le séparent du hall d’accueil, traverse le couloir attenant et se rend dans une loge cernée de baies vitrées, d’où il diffuse au micro (comme s’il s’agissait d’une gare ou d’un centre commercial) un appel à l’intention des pensionnaires. La communauté de fortune que constituent ces derniers ne peut aller, on le comprendra bientôt, sans tensions ni difficultés, et exige l’observation de règles strictes, lesquelles reviennent, ainsi que le montre le film, à infantiliser quelque peu les hébergés. Frère Didier tourne ainsi dans les couloirs, tel le surveillant général d’une pension de collégiens, sermonne ceux qui ont oublié de vider leur chambre (comme cela leur avait été demandé), les pressant de récupérer leurs affaires (tenant généralement dans de simples sacs plastiques), dont il a fait un tas dans une salle commune... Plus loin, deux pensionnaires se font reprendre par un troisième pour avoir voulu allonger leur soda d’une rasade d’alcool, formellement interdit au sein du centre ; entendant un bruit venant du couloir, les deux hommes tournent la tête vers la porte de la chambre, redoutant d’être surpris en possession d’une bouteille, semblables à des ados feintant l’autorité des grands... Outre le tableau qu’il dresse d’une frange de la société en déshérence - hommes de 40 ansen paraissant 15 de plus, les yeux dans le vague,à attendre que vienne l’heure de la cantine ; jeunes adultes rêvant à des projets d’avenir, mais que travaillent parfois "des idées noires" ; et tant d’autres, plus ou moins âgés, guettés parla déraison ou abîmés par l’alcool, définitivement pour certains -, 300 hommes prend une tout autre ampleur en quelques dernières scènes saisissantes, où la chronique se charge d’une douce étrangeté. Quelques minutes après qu’un pensionnaire ait observé que certains ne faisaient plus que transiter d’un centre à l’autre, impropres désormais à la vie au dehors, et en a parlé comme de "morts-vivants", la caméra, enfin, se hasarde à l’extérieur : là,un sans-logis qui, le centre affichant complet,s’en est vu refuser l’entrée, maudit le personnel de la loge qu’il aperçoit à travers la vitre. Ses paroles prennent alors la dimension d’une prophétie funeste ("Je les enterrerai tous, dit-il en substance : et moi, je serai toujours là."), tandis que la caméra embrasse, pour la toute première fois, les rues environnantes. Du réel au cauchemar éveillé,il n’y avait décidément qu’un pas.
© LES FICHES DU CINEMA 2015
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