Synopsis
Première séquence. Vincent, face au médecin, voit tamponner un précieux sésame : son autorisation de sauter en parachute. À la fin de la consultation, il n’omet pas de demander son ordonnance pour "le traitement".En effet, Vincent est atteint du VIH. Tout comme Matteo, Éric, Pascal et Romain. Compagnons d’armes pendantune semaine, il vont participer à un stage de sauten parachute, réunis par Vincent Boujon, le réalisateur. Selon ce dernier, "les personnes vivant avec le VIH [ont] besoin et envie de s’extirper du regard extérieur, souvent empreint de compassion bienveillante". Vivant ! est ainsi un film dont ils sont les "héros", à travers un saut qui représente "quelque chose d’extraordinaire à faire et à vivre". Vincent Boujon a rencontré le groupe lors d’un week-end organisé par l’association AIDES et, lorsqu’il a partagé avec eux son expérience du saut, "cela a produit chez eux l’envie de se confronter à la peur, un peu comme le vertige qu’ils ont eu quand on leur a annoncé leur séropositivité". La peur est d’ailleurs très vite abordée au cours du documentaire, le groupe prenant conscience de la prise de risque qu’entraîne le saut : "On n’a pas le droit à l’erreur, si les voiles s’emmêlent c’est fini", indique Richard, l’instructeur. Mais, si cette peur est présente, c’est aussi elle "qui permet de se lancer dans le vide. C’est cette mise en danger qu’on a envie de vivre, c’est elle qui rend vivant" indique Boujon. Le film aborde différents aspects dela maladie - le "cauchemar" du traitement, la "peurd’en parler", la "déprime", les effets secondaires dela trithérapie, mais aussi les doutes, les questionnements (arrêter le traitement ou non), la culpabilité ("Je portela sécurité de l’autre"), et l’aide apportée par l’entourage et les associations (Éric prendra d’ailleurs pour la première fois son traitement en public pendant le tournage). Mais Vivant ! est aussi l’occasion de parler à coeur ouvert de sexualité et des difficultés amoureuses. La caméra de Vincent Boujon, jamais intrusive, en retrait mais toujours juste, parvient à capter les émotions de chacun des membres du groupe. Les regards concentrés ou inquiets pendant les leçons théoriques ("Matteo, je fais quoi à 500 m du sol ?" demande l’instructeur : "J’arrête de déconner, je me prends en main !"),la complicité naissante au fil des jours, les rires échangés, mais aussi les instants plus intimes,les moments de détente ou les coups de téléphone passés aux proches. La grande réussite de Vivant ! est alors d’éviter les affres du documentaire militant bien-pensant en n’étant, malgré la gravité du sujet, jamais misérabiliste ni complaisant, neutralisant la tension en un éclat de rire : comme le dit Matteo, pendant le saut (pour lui en tandem) "le seul risque, c’est que je tombe amoureux de mon instructeur !". Et, quand Éric écrit à son compagnon avant de sauter, on se surprend à avoir peur avec lui. Enfin, quand l’écran redevient noir,on partage avec Boujon la "curieuse envie" de se jeter dans le vide, afin "d’éprouver une fois l’intensité du temps et sa brièveté ".
© LES FICHES DU CINEMA 2015
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