Le Rappel des oiseaux (2014) Stéphane Batut

Pays de productionFrance
Sortie en France15 avril 2015
Procédé image35 mm - Couleur
Durée40 mn
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Générique technique

RéalisateurStéphane Batut
ScénaristeStéphane Batut
ScénaristeLaurent Roth
ScénaristeFrédéric Videau
Société de production Zadig Productions (Paris)
ProducteurPaul Rozenberg
ProducteurMélanie Gérin
Directeur de productionMathilde Raczymow
Distributeur d'origine JHR Films (Paris)
Directeur de la photographieStéphane Batut
Directeur de la photographieSébastien Buchmann
MixeurFlorent Lavallée
MonteurFabrice Rouaud

générique artistique

Namdol Kyilay(dans son propre rôle)
Stéphane Batut(dans son propre rôle)

Bibliographie

Synopsis

Étrange, insolite par sa forme comme par son sujet, Le Rappel des oiseaux ne ressemble guère au tout-venant du documentaire. Conduit fortuitement à assister à un rite funéraire tibétain lors d’un voyage dans le Kham, le réalisateur Stéphane Batut capte la cérémonie in extenso, ainsi que les réactions des touristes venus avec lui. Cette pratique traditionnelle nommée "funérailles célestes" consiste à livrer le corps du défunt en pâture aux vautours, en accompagnant l’esprit de celui-ci par des prières. Construit a posteriori, le film ne se propose pas comme la simple restitution brute de l’expérience du réalisateur. Ce dernier confère une distance au récit via un procédé semi-fictionnel : il converse en voix off avec un Tibétain francophone, réfugié politique, qui traduit les propos des différents protagonistes du documentaire et fait également part de ses propres souvenirs, expliquant le sens de ce rituel dans la culture tibétaine. Le Français et le Tibétain, commentant les images, en viennent à échanger sur leurs conceptions de la mort, leur rapport au corps, au souvenir, aux fantômes. Ce dispositif permet d’une certaine façon de filtrer la terrible crudité de ce que l’on voit. Même si l’on nous épargne les gros plans faciles, ce qui est montré est déjà suffisamment violent. Du corps nu à même le sol au squelette final, en passant par les morceaux de chair becquetés par les charognards, le moins qu’on puisse dire est que ces funérailles-là correspondent assez peu aux obsèques occidentales. L’intérêt du commentaire est précisément de resituer cette cérémonie, que l’on aurait tôt fait de qualifier de barbare, dans son contexte ethnologique et spirituel. À la fin du festin, l’un des vautours est censé prendre le cerveau du mort dans son bec, puis s’envoler très haut, avant de l’avaler une fois qu’il aura vu Lhassa. L’esprit, encore inconscient de son état, se retrouve alors chez lui. La famille doit continuer à lui parler, à lui réserver sa place à table, jusqu’à ce qu’il accepte son sort et s’en aille vers la renaissance. S’il a mal vécu, il se réincarnera en serpent ou en insecte, dit le traducteur. On voit aussi officier les "croque-morts" traditionnels, personnages respectés mais qu’on ne fréquente pas. Ils dévêtent les corps, les livrent aux oiseaux, puis écrasent les restes et vérifient que l’esprit a bien quitté le corps. Ce document étonnant a le mérite de présenter une pratique méconnue des Occidentaux et de questionner notre rapport à la mort dans sa dimension la plus concrète. Néanmoins, le procédé du commentaire à deux voix peut gêner précisément par son côté artificiel. Le réalisateur et le traducteur tibétain ont des échanges plutôt naturels, mais on sent quand même qu’ils disent un texte (sans doute inspiré de véritables conversations). On comprend que Stéphane Batut, n’étant pas lui-même un scientifique, n’ait pas souhaité entrer dans le côté ethnographique à la Jean Rouch, avec un commentaire savant. Pourtant, on peut regretter qu’un texte charpenté, précis et poétique (tel celui du génial Sans soleil de Chris Marker) ne vienne nous guider dans ces images déroutantes.
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