La Cité muette (2014) Sabrina Van Tassel

Pays de productionFrance
Sortie en France13 mai 2015
Procédé image35 mm - Couleur
Durée88 mn
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Générique technique

RéalisateurSabrina Van Tassel
Société de production J2F Productions
ProducteurJoan Faggianelli
ProducteurCandice Souillac
ProducteurValérie Montmartin
Distributeur d'origine DistriB Films (Neuilly sur Seine)
Compositeur de la musique originaleOlivier Adelen
MonteurYann Leonarduzzi
Conseiller artistiqueSerge Klarsfeld

générique artistique

Bibliographie

Synopsis

Sabrina Van Tassel, la jeune réalisatrice de ce documentaire, a découvert l’existence de la cité de la Muette en 2006, à l’occasion du tournage d’un autre de ses documentaires, La Tribu de Rivka. Quelle ne fut pas sa surprise en réalisant que ce lieu, qui avait retrouvé telle quelle sa destination initiale de logement social, n’était autre que l’ancien camp de Drancy, dont elle pensait qu’il ne restait pour seule mémoire qu’une plaque oubliée et quelques souvenirs de tourments. La cité de la Muette, la bien-nommée, dont on a tu si longtemps l’histoire, fut édifiée à la fin des années 1930, mais resta inachevée en raison de la crise économique. Dès juin 1940, l’armée allemande la réquisitionne, comprenant tout de suite l’avantage concentrationnaire qu’elle peut tirer de sa rigoureuse architecture en U. Le "fer à cheval" est alors entouré de barbelés, des miradors installés, et en août 1941 la cité devient un camp d’internement juif. Y sont d’abord détenus les hommes de l’Est parisien puis, à partir de juillet 1942, les femmes et les enfants (près de trois mille, livrés à eux-mêmes, et dont le plus jeune n’a pas 2 ans). Ce sera donc le principal lieu où seront rassemblés, en vue de leur déportation à Auschwitz, les Juifs raflés sur le territoire national par la police française, et gardés et malmenés par elle. C’est sur les traces mêmes de ce martyre que vivent les habitants d’aujourd’hui, dont les impressions se mêlent, dans ce documentaire, aux témoignages atroces ou bouleversants des déportés. Le destin étrange de ce bâtiment veut qu’il abrite désormais, et pour l’essentiel, d’anciens SDF et certains malades mentaux de l’hôpital voisin de Ville-Evrard, comme si sa destination était une fois pour toutes de rassembler les bannis de la terre. Étrange coïncidence qui interroge les psychologues et que l’un d’entre eux, par ailleurs ancien interné de Drancy, développe ici. D’autres (habitants et rescapés, édiles et historiens) s’interrogent sur ce que peut signifier le fait de vivre dans ce qui fut le haut lieu de la persécution des Juifs de France car, tous en conviennent, les lieux sont hantés tant par la souffrance des uns que par l’abjection des autres et les murs en ont mémoire. Pourtant, après-guerre, la France durement touchée par la crise du logement, et inscrivant son action dans la volonté gaullienne de faire table rase de l’Occupation dans un esprit de réconciliation nationale, ne vit aucun inconvénient à récupérer les lieux afin de reloger les citoyens que les bombardements avaient laissés sans abri. C’est ainsi que, tout juste ripolinée, les dortoirs d’antan segmentés en appartements, la cité accueillit ses premiers occupants. Ne témoigne plus aujourd’hui de ce que fut l’enfer qu’un wagon, posé là pour l’édification des jeunes générations, lesquelles, insolent et salutaire privilège de leur âge, y jouent au ballon. Pourtant, nous dit-on ici, Drancy, lieu le plus connu de la mémoire de la Shoah en France et métonymie de la persécution et de la destruction des Juifs français - et donc à ce titre endroit à la fois maudit et sacré - doit être préservé pour témoigner du rôle criminel qu’il joua dans l’histoire nationale.
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