J'avancerai vers toi avec les yeux d'un sourd (2015) Laetitia Carton

Pays de productionFrance
Sortie en France20 janvier 2016
Procédé image35 mm - Couleur
Durée105 mn
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Générique technique

RéalisateurLaetitia Carton
Société de production Kaleo Films (Paris)
Coproduction Le Miroir (Paris)
ProducteurOlivier Charvet
ProducteurSophie Germain
CoproducteurGabriel Chabanier
Distributeur d'origine Epicentre Films (Paris)
Directeur de la photographieGertrude Baillot
Directeur de la photographieLaetitia Carton
Directeur de la photographiePascale Marin
Ingénieur du sonNicolas Joly
MixeurJean Mallet
MonteurRodolphe Molla

générique artistique

Bibliographie

Synopsis

En 2015, Laetitia Carton avait brossé le portrait de l’auteur de BD Baudoin dans Edmond. Son deuxième long métrage est une nouvelle invitation à méditer sur la liberté d’expression grâce à une culture non formatée, sous la forme d’une lettre ouverte adressée à Vincent, un ami aujourd’hui disparu, militant dans l’association des gays et lesbiennes sourds. Cet ami lui avait fait découvrir la communauté des sourds. Elle s’intéresse depuis lors à leur culture et, en dix ans, a accumulé des images de l’une des rares écoles bilingues (il n’y a que 13 classes en école maternelle et primaire pour toute la France !) ou de la grève de la faim de Patrick Belissen et de ses amis d’OSS2007, en 2008 à l’institut Saint Jacques, rue de l’Abbé-de-l’Épée, du nom de celui qui avait, le premier, promu la langue des signes en 1760 (en 1880, le congrès de Milan l'interdirait quasiment pour promouvoir l’oralisme). La réalisatrice a également suivi l’initiative du "Siècle Sourd en marche", une marche conduite de Paris à Milan en 2013, dont les médias ont peu parlé, si ce n’est par le biais d’un entretien avec Emmanuelle Laborit sur France Inter. La cinéaste complète son film en interviewant des sourds ou en suivant des familles confrontées à l’éducation d’enfants sourds. Elle filme également une représentation de Deux doigts sur l’épaule, un spectacle de Levent Beskardes, comédien et chorégraphe sourd. Enfin, elle conclut en montrant Camille chanter Winter Child avec des sourds. Loin de rendre le propos incohérent, l’amplitude du temps de tournage renforce le message. Par exemple, on revoit le petit Théo et ses copains de la classe maternelle de Ramonville six ans plus tard, au collège. Ce suivi permet aux spectateurs de s’attacher aux intervenants, qui deviennent alors de vraies personnes et non des silhouettes au service d’un argumentaire préconçu. C’est ainsi que Stéphane Gonzalez, le premier enseignant à avoir obtenu le Capes LSF (Langue des Signes Française) dans l’académie de Clermont-Ferrand en 2010, explique les enjeux éducatifs avec beaucoup d’empathie, et que Josiane Salmon, l’une des marcheuses du "Siècle Sourd en marche", raconte ses problèmes de communication avec son fils entendant dans une séquence silencieuse profondément émouvante. De même, la présence récurrente de Levent apporte beaucoup de grâce et de poésie. Et quand Laetitia fait parler Sandrine, son amie d’enfance, on a, a contrario, la démonstration des désastres de l’oralisme, qui nie la culture des sourds et en fait des handicapés. Sandrine souffre de sa marginalité, mais aussi du fait de mal parler et de mal entendre à cause des implants imposés par le lobby médical, qui s’avèrent très fatigants. "Laissez-nous vivre !", disent ceux qui sont nés sans ouïe, dans le silence, et qui refusent d’être considérés comme des anormaux et des impotents. Pourquoi les enfants sourds ne sont-ils pas aussi libres que les autres à 18 ans ? En ouvrant un débat très pertinent, en promouvant l’apprentissage de la LSF et en critiquant la maltraitance infligée par la culture dominante, ce voyage au pays des sourds est un plaidoyer pour leur culture, sensible et touchant, sans dogmatisme ni pédagogisme.
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