The Other Side (2014) Roberto Minervini

The Other Side

Pays de productionFrance ; Italie
Sortie en France25 novembre 2015
Procédé image35 mm - Couleur
Durée92 mn
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Générique technique

RéalisateurRoberto Minervini
ScénaristeRoberto Minervini
ScénaristeDenise Ping Lee
Société de production Agat Films & Cie
Société de production Okta Film (Trieste)
Coproduction Arte France Cinéma
Coproduction RAI - Radio Televisione Italiana
ProducteurMuriel Meynard
ProducteurPaolo Benzi
ProducteurDario Zonta
Producteur associéMarc Bordure
Directeur de productionLisa Trichell
Distributeur d'origine Shellac Distribution
Directeur de la photographieDiego Romero Suárez-Llanos
Ingénieur du sonBernat Fortiana Chico
MixeurThomas Gauder
MonteurMarie-Hélène Dozo

générique artistique

Mark Kelly
Lisa Allen
James Lee Miller

Bibliographie

Synopsis

Roberto Minervini, l’auteur de The Other Side, qui fouille dans les abysses de l’Amérique contemporaine, est italien. Installé à New York en 2000 comme consultant financier, la déflagration du 11 septembre 2001 le pousse à changer de vie et à devenir photoreporter. Un choix initial qui lui permet aujourd’hui, en tant que documentariste, de voir chacune de ses séquences comme un moment photographique. C’est ainsi que, dans la première partie de ce documentaire qui en compte deux, il s’attache aux visages de Mark et Lisa, abîmés par la drogue mais transfigurés par l’amour qu’ils se portent. À travers leur relation et les liens qu’ils tissent avec leurs proches, Minervini raconte l’histoire de la Louisiane en pleine récession économique, au point d’être devenue l’une des régions les plus pauvres du pays. Une misère partout à l’oeuvre, dans le rudimentaire des mobile-homes qui hébergent des familles fragiles et dont on coupe les compteurs électriques au seuil de l’hiver, dans les destins sans espoir dont la drogue et l’alcool semblent être les horizons indépassables. Il regarde, un peu comme le faisait l’émission de télévision documentaire belge Striptease ou le documentariste Donn Alan Pennebaker (qui se comparait, témoin silencieux et immobile, à "une mouche sur le mur"). Ici, le vecteur s'efface pour laisser aux protagonistes toute leur place dans une approche qui préserve leur intégrité et souligne l’empathie de Roberto Minervini pour les déclassés. Il cherche, non à se rendre invisible, mais à se fondre en eux pour disparaître et chercher l’intime, parvenant ainsi à les filmer faisant l’amour ou se shootant. Des scènes incroyables à la fois de tendresse et de crudité, de douceur et de destruction. Chaque séquence est montée à partir d’une heure de film, ce qui permet d’en concentrer une émotion qui relève presque de la performance et instille le sentiment troublant d’être face à de la fiction. En parallèle de cette communauté de toxicomanes - dont les deux principaux protagonistes, aujourd’hui "clean", sont établis en Virginie -, la deuxième partie s’arrête au Texas sur une frange différente de cette "autre Amérique", celle des paramilitaires et des vétérans (ici, de l’Afghanistan, et non plus du Viêtnam), ivres d’auto-défense. Eux aussi se sentent abandonnés par les institutions et méprisent Obama, qu’ils jugent responsable de ce qu’ils tiennent pour la déchéance de l’Amérique. Là encore, selon le principe de l’immersion passive, l’auteur nous donne à voir, dans toute la mesure de leur insubordination, vivant en assiégés, les recalés du système. Parce qu’ils refusent toute approche par trop personnelle, ils sont ici appréhendés de façon collective et neutre, sans nom ni identité, mais dans toute la vigueur de leur colère identitaire. Les deux volets trouvent ainsi, curieusement, matière à résonance, voire même, selon le voeu du réalisateur, des points de convergence quasi politiques. Pour autant, même si les motivations initiales sont les mêmes (raconter son histoire), les premiers recherchent la victimisation quant les seconds veulent être glorifiés. Tout le talent de Roberto Minervini a consisté à ne céder à aucune de ces tentations.
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