Parole de kamikaze (2014) Masa Sawada

Pays de productionFrance
Sortie en France03 juin 2015
Procédé image35 mm - Couleur
Durée74 mn
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Générique technique

RéalisateurMasa Sawada
Assistant réalisateurKei Furukata
Société de production Comme des Cinémas (Paris)
ProducteurMasa Sawada
ProducteurAnne Pernod
Directeur de productionLaurent Harjani
Distributeur d'origine Haut et Court (Paris)
Directeur de la photographieJosée Deshaies
Ingénieur du sonRin Takada
MixeurMatthieu Langlet
MonteurJunko Watanabe
MonteurHiroto Ogi

générique artistique

Bibliographie

Synopsis

Déjà, le titre interpelle : un kamikaze japonais qui a survécu aux offensives suicides des années 1944-45, étonnant, non ? Au bout d’une grosse demi-heure, l’explication arrive. Fujio Hayashi fut donc à 21 ans kamikaze volontaire. Volontaires, ces fanatiques candidats à une mort certaine pour le Japon et son empereur l’étaient tous. Mais de récents travaux ont montré que beaucoup d’entre eux subissaient d’énormes pressions, menaces, sévices, pour ne pas reculer : le documentaire n’y fait aucunement allusion, mais Hayashi, lui, pour qui "vivre n’était que survivre pour mourir plus tard", était bien pleinement volontaire. Ce court documentaire prend son temps. Celui de la mémoire (recomposée ?) de cet étrange nonagénaire, dont on ne saura rien de la vie après guerre, de ses nombreux et très longs silences avant de répondre aux questions, de son visage sans expression qui n’éveille chez le spectateur aucun sentiment. On le regarde, on l’écoute, indifférent à sa personne, attentif seulement à ce qu’il dit de sa voix frêle mais ferme. Après une curieuse évocation de Misako, sa "geisha favorite", il explique, modèles réduits d’avions et de bateau à l’appui, comment opéraient les kamikazes de l’"Ohka", à bord de leurs avions sans moteur et bourrés d’explosifs. Et puis, mine de rien, on apprend qu’il était un chef, que sur la base où étaient formés les kamikazes, c’est lui qui encadrait et désignait ceux qui iraient à la mort, qu’il y envoya même son meilleur ami, le sous-lieutenant Nishio, et refusa de suivre son commandant, Nonaka, qui était convaincu de l’inanité de cette stratégie doublement suicidaire. Lui, il devait à son père, dit-il, "une capacité à accepter les ordres sans broncher". Au milieu du film, nous comprenons enfin que nous avons affaire à un remarquable spécimen de salaud, au sens sartrien du mot, qui, bien sûr, après avoir assisté au départ de ses hommes vers la mort, "s’accroupissait dans les buissons et pleurait"... Trois autres moments émergent aussi : l’évocation de la réaction de son père à l’annonce de son engagement dans l’"Ohka", lui faisant comprendre par une parabole qu’il tenait à lui. L’écoute, à première vue incongrue, du lied de Schumann et Heine, Les Deux grenadiers, entendu par Hayashi en 1945, et dont il ne saisit toujours pas l’ironie, n’y voyant qu’une fascination des Français pour leur empereur. Et sa critique de l’attitude de son empereur, "qui n’a jamais rendu hommage ni présenté d’excuses" au sujet du combat des kamikazes. Sur le plan historique, la richesse de ce film est indéniable. Mais, sur le plan cinématographique, il est d’une grande pauvreté : Hayashi filmé en plans fixes, face à la caméra, dans quatre lieux différents, ternes et non identifiés. Une austérité extrême, certainement volontaire mais lassante. Sawada (ici aidé par Bertrand Bonello) manifesta pourtant naguère son attention à l’image cinématographique, comme producteur (de Naomi Kawase, notamment) et réalisateur en 2001 d’un court métrage (Après la pluie). Seul l’obstacle de la langue peut justifier ici le recours à la caméra : même sur France Culture, les sous-titres passent mal à la radio !
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