Cendres (2014) Idrissa Guiro, Mélanie Pavy

Cendres

Pays de productionSénégal ; France
Sortie en France10 juin 2015
Procédé image35 mm - Couleur
Durée74 mn
>> Rechercher "Cendres" dans le catalogue Ciné-Ressources
imprimer

Générique technique

RéalisateurIdrissa Guiro
RéalisateurMélanie Pavy
ScénaristeIdrissa Guiro
ScénaristeMélanie Pavy
Société de production Simbad Films
Distributeur d'origine Docks 66 (Paris ; Marseille)
Directeur de la photographieIdrissa Guiro
MixeurMatthieu Deniau
MonteurMélanie Pavy

générique artistique

Hiromi Asai(la voix de Kyoko)

Bibliographie

Synopsis

Akiko récupère l’urne contenant les cendres de sa mère, Kyoko. Fille unique, elle doit s’occuper de tout, son père étant également décédé. Dans l’appartement parisien de la défunte, elle trouve le journal de celle-ci, constitué de plusieurs carnets. Dans le premier, daté de 1965, Kyoko raconte comment son caractère de garçon manqué la poussa à quitter la maison familiale et les usages de sa ville natale d’Hiroshima pour une vie plus indépendante à Tokyo. En 1968, elle rencontre son futur mari, le documentariste Pierre-Dominique Gaisseau, qui la filme lors d’une visite chez ses parents. Des extraits de ce film font revivre le visage juvénile et mélancolique de la jeune femme. Akiko s’envole pour le Japon et retrouve la famille de sa mère afin d’organiser la cérémonie funéraire. La caméra la suit avec sobriété, souvent en plan fixe, une voix de femme lisant régulièrement des passages du journal. Petit à petit se dessine le portrait d’une personnalité forte et non conformiste, éprise de liberté, et se questionnant toujours sur ses choix, ses relations avec ses parents et son rapport avec sa fille. Le documentaire, divisé en trois parties, démarre avec cette urne qu’il faut apporter au Japon et se transforme peu à peu en exploration de la vie de Kyoko. Akiko dispose de peu d’informations. Elle a quelques films dans son ordinateur, elle sait que sa mère a tourné avec Godard... On découvre, en effet, que ce sont les femmes "fantasques et irresponsables" de la Nouvelle Vague qui ont donné à Kyoko l’envie d’aller à Paris pour y vivre une vie aventureuse et indépendante. L’extrait de Made in USA où la jeune Japonaise gratte sa guitare en compagnie d’Anna Karina achève de donner à Kyoko une aura de personnage romanesque. À mesure que les séquences s’égrènent avec, en fil rouge, les retrouvailles familiales autour des cendres de la disparue, on commence à mieux comprendre Kyoko, qui a commencé sa vie exceptionnelle avec la bombe atomique et la mort de sa soeur, et a été marquée par un attachement farouche à la liberté individuelle, attachement partagé avec Gaisseau, cinéaste baroudeur et singulier. Les passages de son journal où elle évoque les incompréhensions avec sa fille sont particulièrement émouvants. On a le sentiment qu’Akiko, grâce à ces cahiers, a sans doute pu raccommoder quelque chose d’essentiel dans sa mémoire. Modeste dans sa forme, le film n’en embrasse pas moins toute une époque, au Japon comme en France. Un Japon encore traumatisé par les deux explosions atomiques, et un Paris de tous les possibles. Mais c’est aussi ces questions cruciales qui arrivent à la fin, questions que se pose Kyoko dans son journal : que transmet-on à ses enfants ? Akiko aura-t-elle ce sens aigu de l’indépendance, cette quête entêtée de liberté qui anima ses parents ? En veut-elle encore à sa mère de l’avoir laissée quelques mois à ses grands-parents, peu après sa naissance, afin d’aller tourner avec Gaisseau ? Les auteurs du documentaire ont eu l’intelligence de ne pas interroger Akiko et de simplement la suivre dans ce voyage dans le temps. La voix de Kyoko n’en résonne que mieux et le spectateur est d’autant plus libre de s’approprier les interrogations de celle-ci. _G.R.
© LES FICHES DU CINEMA 2015
Logo

Exploitation