La Ligne de couleur (2014) Laurence Petit-Jouvet

Pays de productionFrance
Sortie en France17 juin 2015
Procédé image35 mm - Couleur
Durée79 mn
DistributeurAvril Films (source : ADRC)
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Générique technique

RéalisateurLaurence Petit-Jouvet
Assistant réalisateurValérie Petit
Société de production Avril Films
Coproduction Arcadi (Paris)
Coproduction ACSE - Agence Nationale pour la Cohésion Sociale et l'Egalité des Chances
CoproducteurClaudie Le Bissonnais
Producteur déléguéLaurence Petit-Jouvet
Distributeur d'origine Avril Films
Directeur de la photographieClaire Childeric
Ingénieur du sonPascal Ribier
MixeurJean-Marc Schick
Compositeur de la musique originaleMartin Wheeler
MonteurCaroline Detournay
Créateur du génériqueOlivier Marquézy

générique artistique

Fatouma Diallo
Jean-Michel Petit-Charles
Yumi Fujimori
Malika Mansouri
Mehdi Bigaderne
Yaya Moore
Sanaa Saitouli
Alice Diop
Patrice Taraoré
Rui Wang
Jérémie Gaudet

Bibliographie

Synopsis

Est-il possible de dénoncer, par le simple biais d’une succession de témoignages, la triste permanence des mécanismes de ségrégation dans notre société ? Quelle est, sinon la singularité, du moins l’utilité de cet énième plaidoyer contre une France qui en exclut une autre - celle de l’immigration et des banlieues ? Telles sont quelques-unes des questions que, dans un premier temps, on peut être amené à se poser face au documentaire de Laurence Petit-Jouvet, La Ligne de couleur. Comme dans son précédent film (Correspondances, 2011), la cinéaste articule son travail autour de lettres filmées, celles d’individus victimes de discrimination. Tous parlent de cette "ligne" - lui substituant parfois l’appellation de "mur" ou de "pont" - qui figure ici la ségrégation selon la couleur de peau. Mais la réalisation va au-delà de l’ambition d’un simple recueil de paroles : les lettres sont portées par une mise en situation dans le quotidien des individus qui permet d’ancrer véritablement les témoignages dans le réel : "cet individu que vous voyez, vous le croisez, sans réaliser ce qu’il ressent, ce qu’il subit". La lettre de Sanaa Saitouli, dans laquelle elle s’adresse à son père, lui racontant son premier jour dans une école, est le point d’orgue du documentaire, grâce à la découverte de dessins représentant les sentiments de la jeune femme - nous ne verrons celle-ci qu’à la fin -, portés par une musique juste et forte. Le parti pris de Petit-Jouvet permet de nuancer les possibles raccourcis ou facilités du discours et les lacunes de la mise en scène, mais aussi de différencier ce documentaire des autres sur le sujet : les individus présentés incarnent une grande majorité de ceux de l’autre côté du "pont", ceux qui aiment la France, ceux qui se sentent et sont Français, mais à qui on refuse cette appartenance. Chaque lettre est une lettre d’amour à (la) France ; les témoins n’ont de cesse, ici, de citer, pêle-mêle, Descartes, Flaubert, Courbet, Césaire, et exercent chacun des métiers liés à la culture française - Yumi Fujumori est une comédienne amatrice de Racine, hélas difficilement admise par ses pairs, et que l’on ne choisit que pour doubler des acteurs asiatiques ; Mehdi Bigaderne sert l’État en tant que maire-adjoint ; Yaya Moore met en avant, à l’antenne de Radio France, la musique classique et la littérature ; Malika Mansouri évoque l’héritage chrétien de l’État... Petit-Jouvet montre que tous ces intervenants sont des acteurs à part entière de la société, des défenseurs de la culture, de la République et de l’humanisme. Ils partagent les mêmes malaises : pour être catégorisés selon leur physique (Rui Wang est envoyé en Chine par sa société parce qu’il est d’origine chinoise, alors même qu’il ne parle pas la langue), ils commencent à douter de leur identité et d’eux-mêmes. Petit-Jouvet offre un documentaire qui pèche souvent par sa forme mais, pour autant, se montre original et utile, en plaçant le spectateur face à lui-même : quel regard porterait-il, lui, sur ces êtres, en permanence jugés et stigmatisés par les autres ?
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